Rachida Dati et le communiqué de presse le plus court de l’histoire

En bloguant aux côtés de François, je suis devenu sensible à une prose bien particulière méconnue du grand public mais que les journalistes connaissent particulièrement bien – la prose du communiqué de presse. Il y aurait beaucoup de choses à dire sur le sujet. Mais, aujourd’hui, on se contentera d‘un des derniers communiqués de Rachida Dati. La presse s’en est faite l’écho mais en vrai, en image c’est encore mieux. Cela se passe de commentaires. J’ai juste une pensée pour les attachées de presse, le webmaster, etc. enfin tout ceux par qui est passé ce bout de phrase ridicule.

En tout cas, on peut désormais trouver une nouvelle utilité aux communiqués de presse. Ils peuvent être de bons indices de l’état de délitement d’une institution ou d’une fonction (on pourrait faire un parallèle avec le militaire qui ne marcherait pas en rythme, qui serait mal rasé ou avec un uniforme mal repassé). Commercial, institutionnel ou politique le communiqué de presse doit avoir une certaine tenue. Le communiqué de presse, même s’il délivre une info, fait dans l’apparence et dans l’apparat. Le communiqué de presse est un outil de présentation de soi, de préservation de la face, d’une identité pour faire un clin d’oeil à Erving Goffman. Et aux journalistes de lire plus ou moins entre les lignes.

Ne sommes-nous pas devant le communiqué de presse le plus court de l’histoire, le plus lapidaire ? Y aurait matière à concours pour les journalistes 😉
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À lire également le constat désespéré de maître Eolas et le coup de gueule d’Enikao qui parle d’une sorte d’abus de bien social (bon là c’est un abus de langage 😉

14 réponses à “Rachida Dati et le communiqué de presse le plus court de l’histoire

  1. C’est vrai que ce communiqué fait particulièrement court (et pas qu’en nombre de mots…). Cela dit, ce qui m’a frappé personnellement est qu’il s’inscrit dans une séquence de 2 communiqués, agissant comme une espèce de post-scriptum revanchard et un peu puéril… et tranchant de façon désastreuse avec la vingtaine de communiqués publiés par le Ministère depuis le début de l’année.

  2. Rachida Dati a pété les plombs, ah bon c’est déjà le cas depuis longtemps ?

  3. Emmanuel Bruant

    @ Lancelot : la question est pas tant de savoir si elle a pété les plombes…. Effectivement cela fait un bout de temps. C’est plutôt que ce « pétage de plombs », qui concerne une personne (un corps) se déplace ouvertement (j’insiste) sur l’institution. Et cela a été bien analysé par ailleurs, cette difficulté à faire la différence entre son corps (Rachida) et sa fonction (Mme Dati, Garde des sceaux etc.)

    @ Morningmeeting : complétement d’accord. Quand on regarde les communiqués depuis la rentrée 2009, effectivement y en a peu et en plus là elle en fait deux coup sur coup. C’est dans la même veine du délitement de la « tenue » d’un service de presse.

  4. Je voulais juste faire mon bon troll de base 🙂

    Concernant Madame Dati, je trouve intéressante l’interview de l’accoucheur de sa fille. Dati devrait peut-être se débarrasser d’Anne Méaux …

  5. Emmanuel Bruant

    @ Lancelot : faut que je m’habitue 😉 Ravi de te voir commenter en tout cas… 😉

  6. eheheh, bon courage …
    ravi également, j’aime beaucoup ce que vous faites :p

  7. [ Enikao ]

    Abus de langage, certes, puisque j’ai cherché un équivalent. Transposons, et imaginons que Pierre Suard dise que Serge Tchuruk est un mauvais patron d’Alcatel, qu’il a gâché ses chances.
    Soit Tchuruk en caisse et se taie, balayant l’attaque par le mépris. Soit il lui répond en interview. Mais de là à envoyer un communiqué… Ce serait petit, déplacé, ça ferait petit joueur mesquin, mais encore on pourrait le comprendre en raison de la position du personnage et des éventuelles répercussions pour une entreprise commerciale.
    Mais pour un ministre ?

    • Emmanuel Bruant

      C’était pour faire mon troll moi aussi 😉 Bon, mais si on cherche à être sérieux, le problème avec abus de bien social c’est qu’on sous entend qu’il y a une transgression interdite, en particulier par la loi. Or, ce que fait Rachida, comme Jean-luc Hees et comme notre président c’est une transgression de code ou de normes sociales établies et qui sont indispensables aux institutions cad à notre fonctionnement démocratique ! Que Serge Gainsbourg brûle un billet de banque comme critique de la société, de nos institutions est « normal » : il est dans son rôle d’artiste, de critique social comme dirait Michael Walser. Mais l’attitude désinvolte des gouvernants ou dirigeants à l’égard des institutions qu’ils dirigent est proprement cynique (et c’est là où se cache l’ironie de l’histoire de mai 68, là où on ne l’attend pas ;-). Là-dessus je crois qu’on sera d’accord…

  8. [ Enikao ]

    C’est l’appropriation des moyens qui me gène le plus. Etre au service de l’Etat et des français, c’est ce qui est répété par bien des politiciens, là ça ressemblait à l’inverse.

    Hees a commis une maladresse en terme de management, un peu comme le nouveau patron d’une grande société qui arrive en pleine réunion de service pour donner son avis sur les décisions. Rachida c’est à mon sens autre chose même si il s’agit probablement d’une loi plus tacite qu’autre chose. Ou peut-être que cela ne choque que les puristes, pour qui l’Etat n’est pas personnifié, la fonction et la personne sont distinctes, le travail politique et les attaques personnelles ne demandent pas le même type de réponse.

    C’est peut-être révélateur de l’ère Sarkozy : l’effacement des frontières, à tous les niveaux. Vie privée / vie publique, gauche / droite (ouverture), monde politique / monde des affaires…

    Et à propos de Serge Gainsbourg, la destruction de monnaie est un délit puni par la loi, car c’est un bien de l’Etat. Oui, je sais être procédurier moi aussi 😉

  9. J’ai également une pensée pour son staff, ses attachés de presse… qui doivent être habitués… Ridicule. C’est un peu le degrès 0 des relations presse.

  10. Il faudrait lui suggérer d’utiliser Twitter pour ce type de communications… 🙂

  11. Et maintenant que tout ceci est passé, que reste-t-il de ce crépage de chignons ?
    Pas grand chose finalement : nos surveillants de prisons sont toujours en grêve, nos détenus toujours aussi nombreux au m2…

    Et quand bien même la blogosphère s’émeut de ces communiqués déplacés, les médias ne semblent – mais je me trompe peut-être dans ma perception – n’y avoir accordé finalement qu’une importance toute relative.
    Sur ce coup, je leur donnerai volontiers raison, car au final, y’a pas de quoi fouetter un chat… non?

  12. Emmanuel Bruant

    @ Laurent : ce qu’il en reste ne m’intéresse pas vraiment, ni si cela a buzzé ailleurs ou pas… Pour dire les choses avec franchise : que cela vaille le coup de fouetter un chat ou non je m’en fous complètement, ce n’est ni mon propos, ni mon intention.
    Ce qui m’intéresse ce n’est pas le débat autour, ce n’est pas de savoir si les journalistes y ont prêté attention ou pas… Ce qui m’intéresse c’est d’essayer (je dis bien essayer) de penser ce que cela signifie pour « nos institutions »… Et comme souvent sur ce blog, nous fonctionnons à l’indice, à la petite preuve, au détail selon une méthode maintes fois éprouvée en sciences sociales. Après il y a toujours de bonne raison de ne pas fouetter un chat… D’ailleurs, la SPA surveille de très près ce blog paraît-t-il…

  13. Un petit communiqué qui pourtant donne lieu à de longs commentaires 😀