Suite et fin de la trilogie Twitter en vrac, après « les usages » et « Twitter et la blogosphère, je t’aime moi non plus« .
Une des choses qui me fascine avec Twitter est le rapport followers / following. On peut lire beaucoup de choses dans ces chiffres qui ornent les profils. Bon, bien sûr, le nombre de followers est un indicateur de « puissance » en soi. Jean-Luc Raymond a plus de 54 000 followers, qui dit mieux ? Encore une fois il ne touche certainement pas 54 000 personnes à chaque tweet, mais je suis curieux de voir l’effet sur mes stats lorsqu’il me twittera la prochaine fois (j’attends avec impatience).
Mais si JLR a 54 000 followers, il faut voir qu’il a aussi 58 000 following (ou « friends », l’expression varie en fonction des lieux, mais je préfère « following »). Jean-Luc Raymond suit davantage d’internautes qu’il n’est suivi.
[Digression : bien sûr, à ce niveau, le mot « suivre » n’a pas beaucoup de sens. Je serais très curieux de voir le fil de la home de JLR bouger en temps réel ;-). On voit d’ailleurs je trouve que les individus les plus hyperconnectés se retrouvent finalement dans des positions extrêmement top-down : à force d’avoir des contacts ou des friends, le sens de ces derniers se dilue et la principale fonction devient celle de publier de l’information. Cf. JLR sur Twitter mais aussi par exemple Luc Mandret sur Facebook, qui twitte toute la journée pour ses 4500 friends]
Le fait d’avoir autant de followers peut être interprété de deux façons (complémentaires) : d’abord, un canal de recrutement : je follow pour être followé en retour (pardon pour les anglicismes mais c’est quand même plus clair comme ça). Ensuite, une philosophie : tu me suis, je te suis, par principe. Sur ce deuxième point j’ai par exemple l’impression, mais je peux me tromper, que c’est la philosophie de @Narvic (816 following, 845 followers). Etant donnée la réputation online de Narvic, je suis prêt à parier que dans la grande majorité des cas, c’est lui qui a été suivi, et a suivi en retour.
Mais tout le monde ne fait pas sienne cette philosophie de réciprocité : personnellement, quand je suis prévenu que j’ai un nouveau follower, je me réserve la possibilité de suivre en retour en fonction de deux critères : 1. Si je connais la personne IRL et 2. Si dans ses 10 derniers tweets, j’en vois 3 ou 4 qui semblent m’intéresser. (autrement dit, si je me followais, je ne serais pas sûr de me follower en retour, vous me suivez ? ;-).
Bref, avec ce « principe » je me retrouve à suivre 181 fils tout en étant suivi par 327. 181 est un nombre assez limité par rapport à ce qu’on peut voir par ailleurs, mais j’ai déjà le sentiment d’avoir dépassé le « point mort » de ce qui fait un fil de qualité. Mais c’est un autre débat.
Mais là où je veux surtout en venir, c’est donc au différentiel entre following et followers. Certains versent peut-être dans le snobisme ou à tout le moins dans le « selectisme », mais on voit parfois des écarts étonnants : par exemple, le Twitter de Francis Pisani est suivi par 1300 personnes, alors que lui-même n’en suit que… 18. Dans ce cas-là il est au moins à peu près clair qu’on est sur Twitter pour être écouté, moins pour écouter. Top-down, encore (attention, je n’ai strictement rien contre le top-down !).
Et il y a dans cet écart follower/following, au-delà du « sélectisme », une démonstration de ce qu’est un leader d’opinion sur Internet. Un individu avec une réputation numérique a de très fortes chances d’avoir un nombre de followers bien plus important que ses following, sauf à ce qu’il ait pour principe de suivre tout le monde en retour. C’est là que le blogueur installé bénéficie de sa réputation online : les followers viennent à lui comme les femmes à l’Homme qui pulvérise du déodorant AXE sous ses aisselles.
Ainsi, les twitterers les plus populaires, pardon, influents, sont pour la plupart des blogueurs déjà installés et bien connus de qui s’intéresse un tant soit peu à la blogosphère. Si je reprends la carte certes subjective mais révélatrice d’Henry Michel, on voit que la twittersphère francophone « influente » est bourrée de blogueurs…
(cliquer pour agrandir)
Et si l’on s’amuse à reprendre le top 20 de Twitterio pour la France (classement des twitterers les plus influents, qui me semble d’ailleurs bien fichu), on voit que seuls 5 d’entre eux ont davantage de following que de followers. A l’inverse, certains peuvent avoir plusieurs milliers de différence entre followers et following (près de 6000 de différence chez Presse-Citron).
Following Followers
http://www.twitter.com/jeanlucr 57216 52642
http://www.twitter.com/pressecitron 593 6762
http://www.twitter.com/naro 4265 4272
http://www.twitter.com/chauffeurdebuzz 139 3190
http://www.twitter.com/gonzague 1402 2959
http://www.twitter.com/shamir 792 2685
http://www.twitter.com/michelboehm 408 2636
http://www.twitter.com/touchcream 264 2564
http://www.twitter.com/tuxplanet 340 2250
http://www.twitter.com/pierretran 2237 2110
http://www.twitter.com/vincentabry 986 1945
http://www.twitter.com/creativpromoter 1949 1817
http://www.twitter.com/yannleroux 1989 1708
http://www.twitter.com/vendeesign 233 1625
http://www.twitter.com/epelboin 538 1438
http://www.twitter.com/stagueve 75 1428
http://www.twitter.com/ericscherer 1026 1303
http://www.twitter.com/simonrobic 739 1204
http://www.twitter.com/zelaurent 1077 1183
http://www.twitter.com/raphaelhunold 1149 1083
Donc, ce différentiel follower / following est un véritable indicateur de votre réputation numérique. Bon, est-ce qu’on en est à dire que sur Twitter, il y a les winners dont le solde followers – following est positif, et les losers dont le solde following – followers est négatif ? Je ne sais pas mais je suis sûr que chacun regarde les profils des autres avec un œil un peu curieux sur ces statistiques qui en disent tant sur notre popularité…