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Réflexions en vrac sur Twitter : l’usage

Qu’il semble loin le temps où je faisais un bilan de Twitter pour conclure « Micro-blogging, micro-influence, micro-intérêt »…

C’était il y a 8 mois et Jean-Luc Raymond avait alors à peine plus de 2000 followers. Il en a plus de 50 000 aujourd’hui. Twitter était déjà à l’époque l’objet médiatique du web 2.0, bête curieuse essentiellement peuplée de webologues, de technophiles et de médiaddicts.

Twitter est toujours cet objet médiatique symbolisant le web 2.0, mais l’avoir mieux pratiqué et vu se développer depuis le début de l’année m’inspire un ensemble de réflexions. Plutôt que d’en faire un billet fleuve, en voici trois. (rassurez-vous, on ne se refait pas, ce ne seront donc pas des billets de moins 140 caractères).

Distinguer l’effet de mode de la réalité de l’usage.

Twitter est toujours « objet médiatique » au sens où il fait parler les médias comme Facebook entre 2007 et 2008, et… Second Life avant lui. (On ne rit pas, j’ai à nouveau entendu parler de SL officiellement ici).

Le problème qui va avec le fait d’être « objet médiatique » est que cela peut masquer la réalité des usages. Je crois que tout le monde s’arrache les cheveux pour avoir le nombre de comptes en France. Le chiffre de 50 000 circule (Jean-Luc Raymond serait-il capable de suivre TOUS les comptes Twitters francophones ??), on est peut-être à 100 000…

Ce qui est sûr c’est que le taux de croissance de l’outil est très rapide (on parle de 700% sur un an ici). Ce qui est aussi sûr c’est que Twitter n’est pas encore un réseau de masse (rappel concernant Facebook : 9 millions de comptes actifs en France, ça calme). Le camarade Bruant aime à répondre à la question « qu’est-ce qui fait le succès de Twitter » par un provocateur « Mais est-ce que Twitter est un succès ? »…

L’audience

Plus précisément, voici ce que Google nous montre concernant l’audience de Twitter en France :
audience twitter

(cliquer pour agrandir)

Où l’on voit bien la progression exponentielle depuis le mois de janvier. Google évalue donc à 1 million de VU mensuels le trafic sur Twitter depuis la France, c’est à dire que d’un point de vue publicitaire, il pourrait « commencer à exister ». Curieux de voir aussi la répartition par sexe : Twitter serait masculin à 82% (alors qu’il serait féminin à 60% aux USA…).

Les profils

Alors, Twitter est-il toujours peuplé de webologues, de technophiles et de médiaddicts ? Il est probable que les profils se diversifient, comme le disait Henry Michel dans un récent Tweet même si les webotrucs, technomachins et médiachoses sont les plus actifs. On a notamment vu de plus en plus de jeunes journalistes (oui, les fameux forçats) l’investir, ce qui se comprend finalement assez bien puisqu’ils sont des veilleurs actifs. A noter d’ailleurs : 7 journalistes dans le top 10 des meilleurs twitterers français de BienBienBien.

Avec le succès viennent aussi les parasites petits malins et je me demande jusqu’où ce type de profils viennent peser dans les statistiques (je ne sais pas vous, mais en tout cas je vois de plus en plus de jolies filles travaillant pour des sites adultes dans mes followers).

Les contenus

Ces quelques mois de pratique plus intensive m’ont amené à la conclusion qu’il y a finalement deux grands types de contenus utiles dans les tweets : le commentaire des événements et le partage d’infos.

Sur le commentaire des événements, cela va du plus stupide léger (mes followers connaissent par exemple ma déviance pour la Nouvelle Star, pardon la #ns) au plus lourd (la disparition de l’AF 447, les événements iraniens). Twitter est à mon avis un formidable outil pour rigoler devant la télévision (suivre grâce aux fameux hashtags les commentaires sur une émission comme la Nouvelle Star est une vraie expérience, la Nouvelle Star étant finie il vous faut maintenant vous reporter sur Secret Story) et vivre les grands événements de société (souvenir ému de la nuit des élections américaines vécue intégralement sur Twitter).

Le partage d’info est quant à lui central sur Twitter, qui a progressivement remplacé ma page Netvibes. On peut se demander jusqu’où Twitter est capable de concurrencer les autres « portes d’entrée sur le web » comme les favoris ou les agrégateurs. Pour Google on repassera plus tard mais il me semble que Twitter commence je pense à occuper, chez certains publics, une fonction d’aiguilleur du web. Un aiguilleur assez anarchique d’ailleurs car même quand on cherche à « maîtriser » les flux d’info de sa page en limitant ou ciblant ses following, on arrive très vite à un joyeux bordel.

Et pour mieux comprendre les différentes façons de twitter, relire avec bonheur ceci.

Les marques

Qui dit succès sur le web dit présence des marques ou plus globalement des émetteurs d’information : le Ministère de l’Education a lancé son Twitter, comme les magasins Ed avec leurs 28 followers ou de nombreux politiques qui n’ont pas toujours pensé à continuer à twitter une fois les élections passées (les élections seraient-elles une fin en soi ??? ;-). Et je suis correctement placé pour dire que les marques sont assez nombreuses à se poser la question de leur présence sur Twitter.

Logique car finalement l’ouverture et l’entretien d’un compte Twitter est un acte de communication plus léger et plus légitime que le blog d’entreprise ou de marque. Autant sur un blog, on ressent le besoin de sentir l’individu derrière le clavier, autant un twit d’entreprise ou de marque s’intègre plus facilement dans le flot des gazouillis. La marque est alors légitime à republier son info officielle (communiqués de presse, page actu)… mais aussi ses retombées (articles de médias en ligne, billets de blogs). Malin, Twitter ! Pour ce qui est de l’argument « ça permet d’interagir en direct avec les consommateurs / usagers / citoyens », mouais… il faudra justement attendre que l’usage se répande en France pour pouvoir en parler véritablement.

En mettant Twitter au cœur d’une vraie stratégie et en étant véritablement capable d’être un producteur de contenus, donc une marque média, le résultat peut être spectaculaire : @Starbucks compte 220 000 followers (contre 140 000 following, cela me fascine). Ce qui ne veut pas dire que 220 000 personnes lisent chaque tweet de Starbucks, mais peut-être quand même quelques dizaines de milliers. Sacrée façon de rependre la main sur le web. (voir aussi un classement des marques les plus mentionnées sur Twitter, mais je crois qu’il a été contesté).

Mais toutes les marques n’ont pas vocation à avoir 220 000 followers, et un grand nombre de celles qui tirent leur épingle du jeu sont de petites marques réactives (combien de fois ai-je entendu dire : « p****n, j’ai mentionné la marque XXX, et dans les 10 mn, j’avais un message @XXX is now following you ! »).

Reste le problème juridique qui est entier pour certaines marques : s’il faut valider chaque tweet avant diffusion, on ne va pas y arriver.


Suite demain : Twitter et la blogosphère, je t’aime moi non plus.

Sur la consommation de web par les « top décideurs »

Nous nous sommes intéressés pour un client aux pratiques de consommation du web par le top management des entreprises (pas les cadres mais bien les plus hauts niveaux décisionnaires).

La question n’est pas si simple car finalement on nous demande souvent soit de réfléchir large (comment toucher le plus de monde possible), soit de réfléchir très ciblé (je veux parler avec les leaders d’opinion dans un domaine donné)… Mais la question de savoir comment les « top » décideurs en entreprises consomment du web est à ma connaissance peu nourrie par des études, et pour ce public finalement assez particulier, il n’est pas du tout évident de dire que « ce qui compte pour eux, c’est le web ». Au contraire.

Je partage donc avec vous quelques-uns des éléments de réflexion (intuitufs et/ou analytiques), en espérant que la discussion puisse les compléter ou en apporter d’autres.

1. Les décideurs sont de gros consommateurs d’information. Ca c’est la bonne nouvelle. Mais leur consommation est essentiellement offline. Ils mangent de la revue de presse, des notes de synthèse, du journal papier… A la fois parce que l’information est une denrée stratégique et parce que leurs modes de travail le permettent (beaucoup de déplacements). Leur préférence va clairement à la presse papier (Monde, Figaro, Echos, Tribune, newsmags, Challenges…). Ils surfent peu par eux-mêmes (effet générationnel).

2. Pour autant, leur consommation de web n’est pas néante. Elle est surtout indirecte : les revues de presse (y compris papier) des entreprises incluent de plus en plus d’articles issus du web, et pas forcément juste de médias online mais aussi de blogs (blogs experts). Là nous sommes à la fois sur une intuition et des choses vérifiées (comment la revue de presse des grands groupes est constituée + les corpus de veille proposés par les prestataires de revue de presse). On voit d’ailleurs passer de temps en temps dans les statistiques de ce blog des clics en provenance de sociétés de pige ;-). L’adage pourrait devenir : « je suis pigé, donc je suis influent ».

De même, l’entourage de nos décideurs, qui rédige les notes etc., est lui bel et bien sur le web.

3. Les nombreux déplacements des top managers pourraient justifier une consommation importante d’information sur mobile, mais ce n’est sans doute pas encore un usage très répandu. D’abord parce que le web mobile n’explose finalement que depuis l’arrivée de l’iPhone, ensuite encore une fois à cause de l’effet générationnel. Un top manager qui ne surfe déjà pas des masses par lui-même va sans doute peu surfer sur son terminal mobile (tout le monde n’est pas aussi cool qu’Obama). Pourtant cet usage devrait se répandre de façon exponentielle (mobilité, décalage horaire = impossibilité d’accéder à son journal papier => rôle du surf et du mobile)

4. Sur l’effet générationnel justement, comment voit-on évoluer cela ? Très vite finalement, comme le montrent ces données issues d’une étude de McKinsey réalisée pour les Etats Généraux de la Presse :

EGP McKinsey

Où l’on voit donc à la fois que :

– le renouvellement des générations affaiblit la lecture de la presse quotidienne (de 66% de lecteurs chez les + de 65 à 30% chez les moins de 18)

– ET que les habitudes se perdent progressivement : l’effet de génération (c’est à dire : je conserve mes habitudes en vieillissant) est relatif, puisque par exemple ceux qui avaient entre 18 et 24 ans en 1999 étaient 42% à lire un quotidien une fois par semaine ; en 2007, ils ont 26 à 32 ans et ne sont plus que 34% à lire un quotidien…

Autrement dit, les choses vont vite et les top managers de demain sont sur le web aujourd’hui.

5. Quels lieux du web sont privilégiés par les décideurs ? Question compliquée car l’usage répandu de la consommation d’information sur le web, c’est Google, qui fait 50 à 80% du trafic des sites média et les encourage à jouer la réactivité et l’effet volume avant tout (voir la polémique autour des forçats de l’info…) et ne privilégie pas une info quali. Le fait que le modèle gratuit se soit imposé fait que la question du mediaplanning des sites online est assez floue (qui sont mes lecteurs ? ben euh… ceux qui tapent des mots-clé), l’internaute cherche du contenu avant de faire confiance à telle ou telle marque média, et la marque à laquelle il fait confiance c’est Google.

En gros, l’équation est : modèle publicitaire + gratuité = course à l’audience = effets volumes et réactivité = Google fait mon trafic = ma base de lecteurs identifiés et fidèles est minoritaire = brouillage des profils de lectorats entre les différents médias.

Sauf que nos top managers, eux, restent beaucoup plus que l’ensemble des internautes dans cette logique de confiance vis-à-vis de marques média fortes. Sur le principe, les sites payants semblent beaucoup plus à même d’être la réponse à la question posée ici (quels sont les lieux du web privilégiés par les décideurs), mais le modèle payant ou même hybride (Le Monde, Les Echos, Le Figaro, La Tribune encore eux) est tellement minoritaire qu’il reste difficile de répondre à cette question. Il y a peut-être une carte à jouer pour des sites d’info économique très quali et payants destinés à ce public de top décideurs. L’avenir le dira.

Ne confondez plus publication et social

Je rebondis sur le dernier billet de Fred Cavazza, « ne confondez plus communautaire et social« . On a trop tendance à considérer que tout est communautaire sur le web, là il n’y a parfois « que » du social.

Cavazza voit le communautaire dans les véritables espaces de discussion (pas ceux où on se lance des moutons), à savoir majoritairement les bons vieux forums qui ne font plus rêver ni les internautes ni les médias. Mais qui sont toujours là, bien là et hyperactifs comme l’avait montré Christophe de Ouinon.net avec sa fameuse cartographie des forums francophones.

[Le mot « communautaire » est d’ailleurs bien pratique mais usité de façon abusive là où il y a avant tout des réseaux d’affinité, comme on l’avait fait remarquer dans notre billet « 10 considérations sur les blogs« . On l’utilise même pour décrire les utilisateurs d’un service qui n’ont pas forcément d’affinités entre eux : « bienvenue dans la communauté Neuf Wifi »… Bref la notion de communauté en vient à remplacer la notion de public]

Beaucoup d’espaces de web 2.0 sont des espaces sociaux sans être des espaces communautaires : on interagit sur Facebook, MySpace ou LikedIn : on est en relation avant d’être en dialogue. Donc ces espaces ne sont pas communautaires au sens cavazzien.

Je suis assez d’accord avec l’analyse de Fred Cavazza et en même temps cela m’inspire plein de choses. Des choses peut-être pas complètement finies mais je compte bien sur la fonction sociale de ce blog, c’est à dire vos commentaires, pour l’enrichir 😉

D’abord, sur le web tout n’est pas social mais on finit par se demander ce qui ne l’est pas. On peut commenter les médias en ligne, des marques mettent en place des lieux d’expression pour les internautes, Vie de merde est le succès de l’année… Donc y a-t-il le communautaire d’un côté et le social de l’autre ? Il y a plutôt je pense le social en général et dans le social, du communautaire — ou pas. Le communautaire est un sous-segment du social.

Ensuite, sur la différence entre communautaire et social. Est-ce que la différence à faire est entre le dialogue (le forum) et l’interaction (Facebook) ? Ou est-ce qu’on ne peut pas voir aussi une différence entre les lieux d’affinités thématiques, où l’on interagit avec d’autres internautes autour d’un sujet commun, et les lieux où l’on reproduit le réel ?

Dans un cas, le réel importe moins que le thème ; dans l’autre le réel prime sur le thème.

Dans cette définition, les forums seraient communautaires bien sûr, certains blogs aussi, de même que Wikipédia, et MySpace également (Myspace me semble fonctionner autour des affinités avant de fonctionner comme lieu de reproduction du réel). Facebook ne serait pas communautaire mais social…

Enfin, et j’en reviens au titre parodique de ce billet (et sans vouloir contredire Cavazza puisque je prends un prisme différent : là où il se place du point de vue des marques, je m’interroge sur la typologie du web), si on se pose la question de la typologie des espaces du web 2.0, il faut quand même en revenir aux usages dominants que l’on peut faire des différents médias.

De ce point de vue, le social a beau être partout (d’où le fait que l’expression « médias sociaux » semble se substituer à l’expression « web 2.0″…), on est vite limité par la question social / pas social / communautaire / pas communautaire.

Pourquoi ? Parce que le social (l’interaction) ou le communautaire (le dialogue dans la définition cavazzienne / l’affinité thématique dans ma poposition), n’est pas toujours l’usage dominant que l’internaute fait du média.

D’où cette typologie que j’utilise à partir des usages et que je signalais en commentaire chez Palpitt :

les médias de publication : médias en ligne, blogs, Wikipédia, plates-formes vidéo ; voire médias de republication type Wikio. La fonction sociale, quelle qu’elle soit, est de moindre importance que la fonction de publication. On se rapproche plus d’une déclinaison des médias traditionnels, en ligne (le journal papier, la télévision…)

les médias de recherche : les moteurs. Sachant que la recherche est le premier usage du web, difficile d’y échapper dans une typologie…

les médias sociaux : les forums, les réseaux sociaux et professionnels, les espaces d’échange type Yahoo! Question… Ici, la fonction principale est à chercher dans le rapport à l’autre.

Ca fout tout en l’air ? C’est ça qui est bien 😉 .

Bon évidemment, tout est dans tout sur Internet, le social est dans la publication (on commente les blogs) et inversement (on publie des notes sur Facebook) et comme le fait remarquer Hubert Guillaud dans les commentaires chez FC, ce n’est pas l’outil qui fait l’usage et on peut voir plusieurs usages du même outil.

Mais s’il fallait faire une typologie, je pencherais de ce côté-là. Quitte à ne pas trop savoir où foutre Twitter (publication qui n’a pas de sens sans la fonction sociale) ou les outils de social bookmarking.

Vous aurez remarqué que je n’utilise donc pas « médias sociaux » pour décrire l’ensemble du web 2.0, mais seulement une sous-catégorie. De même que le communautaire est dans le social sans être le social, le social est dans le 2.0 sans être le 2.0.

C’est lié à cet attachement pour l’usage dominant du média… Et même si c’est bientôt démodé et qu’on ne sait pas trop ce que ça veut dire, je crois que je préfère le bon vieux terme de web 2.0 à celui de « médias sociaux ».

Lectures

Deux lectures récentes à ne pas manquer :

1/ le dernier billet de nos amis de PR2Peer : « blogging et célébrité : l’équation impossible« , qu’il faut à mon sens traduite par « conversation et popularité : l’équation impossible ». Ou comment la conversation n’est possible qu’en bas de la longue traîne médiatique. Je me permets de piquer un visuel explicite :

A rapprocher également de cette analyse de Ils.sont.la sur la difficulté de gestion des commentaires pour un média en ligne (et l’exemple de Libé).

2/ les résultats de la dernière étude d’eye-tracking sur Google, à lire chez Fred Cavazza ou Ecrans.

En deux mots, c’est une étude importante pour comprendre le comportement de l’internaute, qui recentre sa lecture des résultats du moteur sur les tout premiers résultats naturels et préfère affiner la recherche par de nouveaux mots-clé que de descendre dans la page.

Bien sûr, l’enjeu de réputation sur les moteurs de recherche a toujours été de se positionner dans les tout premiers résultats, sur une variété de mots-clé, mais il n’en est que renforcé. Et cela me conforte dans le fait que l’analyse de 100 résultats Google sur un seul mot-clé n’a pas de sens.

Et hop, là aussi on pique un visuel explicite :

Nos plus belles années (4/4) : les glandeurs

Le glandeur est une figure peu valorisée dans nos sociétés. Pourtant, s’ennuyer est sûrement une de nos caractéristiques anthropologiques (je m’avance un peu ?).

Un cas limite qui illustre cet ennui est le roman de Georges Pérec, Un homme qui dort – conçu comme le négatif de son livre, plus connu, Les Choses (qui a pour sous-titre « une histoire des années soixante », ce qui n’est pas anodin). Le lecteur découvre au fil des pages le monologue d’un jeune homme de 25 ans, indifférent à la société, et qui se laisse aller à l’ennui et plonge dans l’indifférence (un cas limite je vous dis…)

Tu descends tes six étages, tu les remontes. Tu achètes le Monde ou tu ne l’achètes pas. Tu t’assieds, tu t’étends, tu restes debout, tu te glisses dans la salle obscure d’un cinéma. Tu allumes une cigarette. (…) Tu joues au billard électrique ou tu n’y joues pas. (…) Tu relis un roman policier que tu as déjà lu vingt fois, oublié vingt fois. Tu fais les mots croisés d’un vieux Monde qui traîne. Tu étales sur ta banquette quatre rangée de treize carte, tu retires les as, tu mets le sept de coeur après le six de coeur, le huit de trèfle après le sept de trèfle, le deux de pique à sa place, le roi de pique après la dame de pique, le valet de coeur après le dix de coeur.

Voilà une des multiples descriptions du livre sur la manière de passer seul le temps, le tuer comme on dit. Auparavant, Pérec décrivait minutieusement une lecture pleine d’ennui du journal vespéral :

Tu t’assieds au fond d’un café, tu lis le Monde ligne à ligne, systématiquement. C’est un excellent exercice. Tu lis les titres de la première page, « au jour le jour », le bulletin de l’étranger, les faits divers de la dernière page, les petites annonces (…), les prévisions météorologiques; les programmes de radio, de télévision, des théâtres et cinémas, les cours de la bourse; les pages touristiques, sociales économiques, gastronomiques, littéraires, sportives, scientifiques, dramatiques, universitaires [je coupe la description est longue;-)]

Cinq cents, mille informations sont passées sous tes yeux si scrupuleux et si attentifs que tu as même pris connaissance du tirage du numéro, et vérifié, une fois de plus, qu’il avait été fabriqué par des ouvriers syndiqués et contrôlé par le BVP et l’OJD. (…) lire le Monde, c’est seulement perdre, ou gagner une heure, deux heures (…) il t’importe que le temps coule et que rien ne t’atteigne : tes yeux lisent les lignes, posément, l’une après l’autre. (p. 253, je souligne)

Relire Pérec c’est comprende à quel point l’écologie de l’ennuie s’est métamorphosée. Il y a eu bien sûr entre temps la télévision. Mais aujourd’hui  un seul support ouvre sur une multitude de lieu. L’ennui est à la fois devenu plus simple (on peut même ne plus sortir de chez soi) et plus riche (on peut faire bien plus que lire le Monde, jouer au flipper, aller au cinéma et faire des réussites) : attendre l’actualisation des flux RSS, poker sur Facebook, lire sans arrêt les mêmes dépêches AFP qui circulent sur les sites médias, les sites pure players et les portails, googliser sa grand-mère, relever les mails, jouer à PacMan, déambuler dans 2nd Life, etc. toutes ces petites choses du net, insignifiantes et indispensables, que Georges Pérec décrirait sûrement avec délice.

J’évoque tout cela pour faire contrepoint au consom’acteur, à l’internaute participatif, l’intelligence collective etc. Les applications du net sont autant des supports de créativité que les nouveaux prolongements de notre ennui (c’est le verre d’eau à moitié vide ou à moitié cher à André Gunthert ;-). Ce détour par Pérec nous le rappelle.

Nos plus belles années (1/4) : les consommateurs

En forme d’hommage à André Gunthert ;-), une série de quatre billets, au titre mélancolique, histoire de voir ce qu’Internet a changé (et aller un peu plus loin évidemment). On regardera quatre champs différents : consommation, savoir, culture et ennui… à travers quatre catégories d’acteurs : les consommateurs, les intellectuels, les cinéphiles et les glandeurs.

Cela reste anecdotique (indiciaire dirait l’autre) mais j’espère intéressant.

On commence maintenant avec la consommation et un des organes de presse des publicitaires.

Publi10, sous titré le nouveau « Journal de la publicité » (oui parce qu’avant il y avait un ancien) et en date du 10 janvier 1975 nous propose sa revue de presse de la semaine. Le journal a ainsi relevé le tirade d’une sacré grosse tête. Jugez un peu :

Philippe Bouvard raconte dans « France Soir » qu’il a récemment vu dans Paris un cabriolet de marque étrangère sur les deux portières duquel son propriétaire aurait calligraphié cette inscription vengeresse : « je ne suis pas content de cette voiture »
« La vraie révolte des consommateurs passe d’abord par le réflexe de dire publiquement ce qu’on pense d’un produit.
Bien sûr, cette contre-publicité est mille fois plus efficace sur une automobile que sur un kilo de sucre. Mais dès que l’œil ou l’oreille d’un futur acheteur peut se trouver sollicité par une information défavorable, le plus humble usager tient le fabricant à sa merci. Et le fait de dire à autrui « N’achetez-pas ! » constitue un moyen de pression autrement efficace que le simple refus d’achat.
Nous pouvons donc tous être des Ralph Nader à l’échelle de notre immeuble, de notre quartier ou de notre ville. Pourquoi ne pas accrocher à la boutonnière d’un costume mal coupé un badge affirmant « mon tailleur est un sacré maladroit » ? Pourquoi lorsqu’on sort d’une salle obscure où l’on a vu un film inepte, ne pas avertir les candidats-spectateurs qui se pressent, confiants, à l’entrée ?
Seul le respect humain, la peur du ridicule et une certaine lâcheté sociale nous empêchent encore de réagir comme il le faudrait quand il faut ».

Désormais, il existe Internet et tout ces machins qui nous permettent de nous lâcher (en plus on peut être un courageux anonyme). Ce papier de Bouvard est intéressant car il évoque toutes les difficultés que nos « ancêtres » avaient pour s’exprimer et donner leur avis. Avec nos sites comparatifs, on mesure le chemin parcouru en trente ans. Pour un dernier exemple en date d’initiative consumériste très utile, rendez-vous sur trocdestrains.

Il est néanmoins remarquable que, comme tous les grands récits, le mouvement consumériste ne soit pas plus à la pointe que ça aujourd’hui. Alors que les frustrations liées à la prise de parole étaient à leur comble ces années durant, le mouvement consumériste qui aurait désormais à disposition les outils concrets de généralisation de sa politique semble assez moribond (c’est mon avis perso, je peux me tromper). Alors qu’à l’époque être audible signifiait être plusieurs – un collectif, un mouvement, une association, j’ai l’impression qu’on peut dire que le consumérisme s’est individualisé et que le net correspond très bien à cette logique là (au mieux on est communautaire ou affinitaire).

Lipdub et politique… enfin !

L’imbécile la mode Lipdub a enfin trouvé sa portée politique avec la vidéo très étudiée du Medef (« esthétiquement », la meilleur réalisation que j’ai jamais vu, après celle-ci évidemment ;-). Non seulement le Medef est capable de le faire (avec un petit morceau de Parisot à l’intérieur) comme le dit une salariée au début du film mais ils n’ont pas pu s’empêcher de rajouter une petite signature à la fin, « L’entreprise, c’est la vie ».

Une petite remarque et une petite phrase qui font passer le lipdub de la vidéo de salariés à la vidéo d’entreprise. Un glissement subtil mais bienvenu (pour le MEDEF) dans le contexte de cette rentrée.

La vidéo donc

(Info trouvée via Mediapart)

Relativiser le rôle de l’UGC

Le papier de Marie-Catherine Beuth dans le Figaro de vendredi, « Renault, champion des conversations sur les blogs« , a naturellement attiré mon attention.

Il reprend des éléments d’une étude d’Oto Research qui est parue il y a un gros mois. Tubby Dev en avait fait un résumé assez complet.

Alors, de quoi s’agit-il ? D’un livre blanc (sur demande auprès d’Oto Research) qui s’attache à mettre des chiffres en face d’un certain nombre de questions qui se posent pour les marques autour du web, et notamment à mesurer l’ampleur du phénomène « UGC ».

Je ne vais pas revenir sur l’ensemble de l’étude et vous conseille pour cela Tubby Dev. Le point qui attire mon attention est le même que celui autour duquel Marie-Catherine Beuth a construit le papier du Figaro : la « part de voix » des marques par rapport aux autres sources d’information : l’UGC, les distributeurs, les médias. Les discours sur les marques sont-ils dominés par les marques elles-même (sites de la marque), par l’UGC (internautes), les distributeurs (e-commerce) ou les médias ?

Pour mesurer cela Oto Research a étudié les 100 premiers résultats Google sur les requêtes concernant 110 marques de grande consommation. Et produit le camembert suivant :

Les marques produiraient à peine plus d’un quart des discours qui les concernent et l’UGC est le premier vecteur de discours. C’est la conclusion du Figaro et du livre blanc d’Oto Research.

Voilà qui est fort séduisant et qui est susceptible d’enflammer tout ce que le web et les métiers du conseil comptent d’évangélistes du web 2.0, non ?

Sauf que la méthode et la conclusion… sont assez contestables.

L’étude a été chercher les résultats Google du les requêtes concernant 110 marques. Les cent premiers résultats Google.

Vous allez souvent sur la 10ème page de résultats, vous ? Souvenez-vous de cette petite étude qui montrait que 62% des internautes ne vont jamais au-delà de la première page de recherche. Et même si les choses ont évolué depuis, une chose est sûre, le nerf de la guerre, ce sont les 10 premiers résultats Google. Pas les 100 premiers.

En allant chercher les 100 premiers résultats, on plonge dans la longue traîne. Normal d’y trouver beaucoup d’UGC. Tiens, je pourrais faire la même étude sur les 1000 premiers résultats Google des 110 marques étudiées et en conclure que 90% des contenus sur les marques sont UGC ! (Et les annonceurs affolés viendront m’acheter du conseil web, et je me frotterais les mains.)

Pour me faire une idée un peu plus précise, j’ai repris le principe de l’étude et l’ai raccourci à la première page de recherche pour les 10 sociétés qui, selon Oto Research, suscitent le plus de commentaires (commentaires de blogueurs en l’occurrence, dans la méthodologie de l’étude).

Ce top 10 des marques qui font buzzer les consommateurs est composé de : Renault, Nokia, Canon, Orange, Samsung, Peugeot, Panasonic, SNCF, France Télécom et Philips.

Donc, à la question, quelles sont les sources d’info à propos de ces marques quand on s’intéresse à la première page de résultats de Google, la réponse est :

Dans cas de figure, qui correspond beaucoup plus à la réalité des usages du web, les 10 marques qui font le plus parler maîtrisent plus de 50% du contenu Google qui les concerne. On est quand même nettement au-dessus des 27% d’Oto Research… Et l’UGC, sur la première page de recherche, est tout d’un coup bien moins inquiétant : moins de 10% des résultats contre plus de 30% dans la méthode Oto Research.

Sur ces 10%, 80% de Wikipédia et aucun blog.

Donc, tout ça n’est pas pour dire que l’UGC n’a aucune importance. Mais on en revient à un débat de fond qui anime ce blog : ce n’est pas parce que le phénomène de l’UGC est important qu’il faut exagérer son influence. Le web 2.0 n’a pas tout changé ; il ne faut pas confondre longue traîne et usages de l’internaute ; quantité de contenu et visibilité des sources ; visibilité et influence.

Les système d’opinion évoluent. Mais pas autant que certains le disent (les certains en question étant généralement curieusement des vendeurs de conseil web, ce que je suis aussi il faut bien le reconnaître, mais pas seulement 😉 ).

Ce type d’études permet de se remettre les idées au clair : les blogs sont essentiellement des médias de niche ; Wikipédia est un outil de réputation (on est quelques-uns à insister là-dessus et le débat n’est pas fini) ; l’influence UGC se fait beaucoup par les avis conso sur les sites marchands ; les forums restent des endroits hyperactifs.

Allez quand même jeter un œil à l’étude, notamment pour ce qu’elle fait ressortir en termes de « bruit sectoriel ». « Les secteurs qui génèrent le plus de bouche-à-oreille et de messages sur les blogs sont l’automobile (27 %), l’équipement (25 %) et le voyage (6 %). », relève Le Figaro.

La Géorgie de BHL et le web de Gunthert, tentative de prolongement de l’analyse

André Gunthert s’en donne à cœur à joie dans son billet C’est BHL qu’on assassine. Notre directeur d’études le plus prolixe sur la toile analyse les contrefeux lancés suite au long article de notre BHL national. C’est à la fois pertinent et mordant.
Mais, ironie de l’histoire, la vision du web d’André Gunthert ressemble étrangement à la vision de la Géorgie de BHL : tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil (et oui, pas question d’être en reste dans la provocation, à mon tour de taquiner André – tant qu’on en arrive pas au dialogue de sourds 😉
« Le web est-il capable de modifier les grands équilibres médiatiques? » lance-t-il en introduction pour annoncer que « c’est un monument qu’internet fait aujourd’hui vaciller » et conclure en toute fin de post, « BHL ferait bien de s’en souvenir avant son prochain dithyrambe – le juge, aujourd’hui, c’est le web ».
Heureusement dans les commentaires un internaute rappelle que derrière cette contre-attaque, il y des journalistes et pas « le web ». Mais cette remarque lui vaut une réponse sèche du professeur :

Pour les sourds et malentendants, j’ai bien dit: le web. Le web de Rue89, qui met en ligne une parodie qui n’aurait jamais trouvé sa place dans les pages Opinions du Monde ou Rebonds de Libé. Ou le web du monde.fr, qui affiche en face du texte de BHL un commentaire désobligeant d’internaute. Ou le web de Facebook, où les amis de BHL se comptent.

Le web des petites différences, le web qui ne respecte rien, le web qui mine l’argument d’autorité, le web qui buzze et cancane, le web où l’on s’interpelle et se répond. Le web: le pire ennemi de tout ce qui a fait BHL (je souligne).

Tiens, cela sonne comme du Loïc Le Meur de gauche ;-). Certes André, mais (encore une fois) « Le web » ça veut pas dire grand chose dans ce cas (souvenez-vous du texte de Deleuze sur les nouveaux philosophes ;-). Pour preuve ce billet du Post.fr relevé par vous-même : il y a aussi des défenseurs de BHL sur la toile. « Le web » n’est donc pas pro ou anti BHL (Le commentaire mise en exergue par Le Monde est le dernier arrivé, pas le plus critique. Rien n’aurait empêché des pro-BHL de s’exprimer et d’être eux aussi mis en exergue. (petite parenthèse, cela montre aussi que un débat/une conversation est très difficile dans les commentaires, « spirale du silence » oblige par exemple, mais cela nous emmène vers d’autres questions comme celle des remarquables fatals flatteurs…). Le web a simplement des utilisateurs (producteurs et/ou lecteurs).

Ainsi, les contrefeux ne viennent pas de blogueurs ou d’internautes lambda. En fait, elles viennent de journalistes qu’on peut (hypothèse, je dis bien hypothèse) imaginer comme éloignés du réseau BHL (nouveaux entrants, adversaires de longue dates, etc.) et à l’abri de « pressions » (dont les formes peuvent être très diverses) pour critiquer une signature comme BHL. Zineb Drief est un jeune journaliste chez rue 89 par exemple, pas un internaute inconnu. Nous restons dans un cadre bien défini de professionnels de l’information et/ou du débat éditorial.

Cet épisode nous en apprend plus sur les journalistes que sur le web il me semble. En fait ce que je retiens de ce petit épisode (et cela n’a rien de nouveau), c’est que les sites d’informations offrent un espace complémentaire à certaines journalistes pour développer des contenus (aussi bien dans le fond que sur la forme comme nous l’a montré Rue89) qui ne passeraient pas avec la même facilité dans la presse papier (ne parlons même pas de la télévision). Ajoutez à cela qu’ils peuvent être alors repris par la presse aux supports plus traditionnels. Nous sommes dans une reconfiguraion médiatique (entendre rééquilibrage des supports) à l’intérieur d’une profession. (L’affaire Sine/Val est à ce titre encore plus symptomatique et les remarques d’André Gunthert me conforte dans l’idée de creuser de ce côté là avec un prochain billet là-dessus. mon hypothèse : en off les journalistes ou les signatures défenseurs de Val, en on les journalistes ou les signatures défenseurs de Siné… à vérifier le cas du Nouvel Obs papier et du nouvelobs.com va être très intéressant à regarder)

Après le constat, la question : cela durera-t-il ? Quand les .fr seront devenus (réellement) les moteurs des rédactions, les marges de manœuvre existantes (à la fois journalistiques et techniques) s’effaceront-elles ? Pour preuve, la fermeture momentanée des commentaires sur l’article de Libe.fr qui relatait la polémique. Une des choses que permet le web c’est de faire baisser les coûts de production de l’information et donc de lancer de nouveaux titres (Rue89, Mediapart, etc.) qui peuvent développer des regards nouveaux, complémentaires ou alternatifs (ou ce qu’on voudra).

Quoiqu’il en soit André, de grâce, pas d’évangélisme ou de raccourci médiologique ;-), ARHV est de trop bonne facture pour cela… mais peut-être que nous sommes d’accord en fait sur le fond ?;-)

Jouer à cache-cache, une nouvelle discipline olympique ?

Peut-être avez-vous entendu parler de la polémique concernant l’âge des gymnastes chinoises, en particulier Kexin He. Alors que l’âge plancher pour la compétition est de 16 ans, la gymnaste chinoise aurait en fait 14 ans.

Mais comment s’assurer de la bonne date de naissance de la jeune athlète sans passer par la case « officiels chinois » ? Google, pardi… Et c’est là que l’affaire se corse (gentiment). Car les listes officielles de gymnastes (publiées bien avant les JO) ont été retirées des sites. Les articles lisibles en ligne avant que la polémique n’éclate disparaissent mystérieusement (tout cela est raconté dans la notice Wikipedia).

C’était sans compter sur la fonction cache de Google. Le journaliste du New York Times y fait précisèment référence dans son enquête online, en date du 27 juillet dernier. Et il n’y a plus pour lui qu’à croiser les différentes listes qu’il trouve en cache et qui donnent trace de l’âge de la gymnaste.

Plus récemment, un blogueur a refait un travail identique. L’affaire est devenue un peu plus ardue. Les caches sont toujours consultables mais pas de manière complète. Persévérant, il trouve finalement des caches suffisamment complets sur un autre moteur de recherche que Google, Baidu (de conception chinoise manifestement). Et rebelotte, la chinoise n’a pas 16 mais 14 ans.

Morale de l’anecdote olympique ? Avec la toile, jouer à cache-cache prend un sens nouveau : c’est à celui qui cachera ou retrouvera les traces de documents dont la valeur informationnelle est réévaluée en fonction de l’actualité – tout cela en raison de la mémoire des moteurs. (d’autre part, cela délimite bien aussi le potentiel d’investigation des blogueurs, sans parler des journalistes).

Rien de nouveau sous le soleil, mais cet exemple est, je trouve, un bon cas d’école.