Qu’il semble loin le temps où je faisais un bilan de Twitter pour conclure « Micro-blogging, micro-influence, micro-intérêt »…
C’était il y a 8 mois et Jean-Luc Raymond avait alors à peine plus de 2000 followers. Il en a plus de 50 000 aujourd’hui. Twitter était déjà à l’époque l’objet médiatique du web 2.0, bête curieuse essentiellement peuplée de webologues, de technophiles et de médiaddicts.
Twitter est toujours cet objet médiatique symbolisant le web 2.0, mais l’avoir mieux pratiqué et vu se développer depuis le début de l’année m’inspire un ensemble de réflexions. Plutôt que d’en faire un billet fleuve, en voici trois. (rassurez-vous, on ne se refait pas, ce ne seront donc pas des billets de moins 140 caractères).
Distinguer l’effet de mode de la réalité de l’usage.
Twitter est toujours « objet médiatique » au sens où il fait parler les médias comme Facebook entre 2007 et 2008, et… Second Life avant lui. (On ne rit pas, j’ai à nouveau entendu parler de SL officiellement ici).
Le problème qui va avec le fait d’être « objet médiatique » est que cela peut masquer la réalité des usages. Je crois que tout le monde s’arrache les cheveux pour avoir le nombre de comptes en France. Le chiffre de 50 000 circule (Jean-Luc Raymond serait-il capable de suivre TOUS les comptes Twitters francophones ??), on est peut-être à 100 000…
Ce qui est sûr c’est que le taux de croissance de l’outil est très rapide (on parle de 700% sur un an ici). Ce qui est aussi sûr c’est que Twitter n’est pas encore un réseau de masse (rappel concernant Facebook : 9 millions de comptes actifs en France, ça calme). Le camarade Bruant aime à répondre à la question « qu’est-ce qui fait le succès de Twitter » par un provocateur « Mais est-ce que Twitter est un succès ? »…
L’audience
Plus précisément, voici ce que Google nous montre concernant l’audience de Twitter en France :
(cliquer pour agrandir)
Où l’on voit bien la progression exponentielle depuis le mois de janvier. Google évalue donc à 1 million de VU mensuels le trafic sur Twitter depuis la France, c’est à dire que d’un point de vue publicitaire, il pourrait « commencer à exister ». Curieux de voir aussi la répartition par sexe : Twitter serait masculin à 82% (alors qu’il serait féminin à 60% aux USA…).
Les profils
Alors, Twitter est-il toujours peuplé de webologues, de technophiles et de médiaddicts ? Il est probable que les profils se diversifient, comme le disait Henry Michel dans un récent Tweet même si les webotrucs, technomachins et médiachoses sont les plus actifs. On a notamment vu de plus en plus de jeunes journalistes (oui, les fameux forçats) l’investir, ce qui se comprend finalement assez bien puisqu’ils sont des veilleurs actifs. A noter d’ailleurs : 7 journalistes dans le top 10 des meilleurs twitterers français de BienBienBien.
Avec le succès viennent aussi les parasites petits malins et je me demande jusqu’où ce type de profils viennent peser dans les statistiques (je ne sais pas vous, mais en tout cas je vois de plus en plus de jolies filles travaillant pour des sites adultes dans mes followers).
Les contenus
Ces quelques mois de pratique plus intensive m’ont amené à la conclusion qu’il y a finalement deux grands types de contenus utiles dans les tweets : le commentaire des événements et le partage d’infos.
Sur le commentaire des événements, cela va du plus stupide léger (mes followers connaissent par exemple ma déviance pour la Nouvelle Star, pardon la #ns) au plus lourd (la disparition de l’AF 447, les événements iraniens). Twitter est à mon avis un formidable outil pour rigoler devant la télévision (suivre grâce aux fameux hashtags les commentaires sur une émission comme la Nouvelle Star est une vraie expérience, la Nouvelle Star étant finie il vous faut maintenant vous reporter sur Secret Story) et vivre les grands événements de société (souvenir ému de la nuit des élections américaines vécue intégralement sur Twitter).
Le partage d’info est quant à lui central sur Twitter, qui a progressivement remplacé ma page Netvibes. On peut se demander jusqu’où Twitter est capable de concurrencer les autres « portes d’entrée sur le web » comme les favoris ou les agrégateurs. Pour Google on repassera plus tard mais il me semble que Twitter commence je pense à occuper, chez certains publics, une fonction d’aiguilleur du web. Un aiguilleur assez anarchique d’ailleurs car même quand on cherche à « maîtriser » les flux d’info de sa page en limitant ou ciblant ses following, on arrive très vite à un joyeux bordel.
Et pour mieux comprendre les différentes façons de twitter, relire avec bonheur ceci.
Les marques
Qui dit succès sur le web dit présence des marques ou plus globalement des émetteurs d’information : le Ministère de l’Education a lancé son Twitter, comme les magasins Ed avec leurs 28 followers ou de nombreux politiques qui n’ont pas toujours pensé à continuer à twitter une fois les élections passées (les élections seraient-elles une fin en soi ??? ;-). Et je suis correctement placé pour dire que les marques sont assez nombreuses à se poser la question de leur présence sur Twitter.
Logique car finalement l’ouverture et l’entretien d’un compte Twitter est un acte de communication plus léger et plus légitime que le blog d’entreprise ou de marque. Autant sur un blog, on ressent le besoin de sentir l’individu derrière le clavier, autant un twit d’entreprise ou de marque s’intègre plus facilement dans le flot des gazouillis. La marque est alors légitime à republier son info officielle (communiqués de presse, page actu)… mais aussi ses retombées (articles de médias en ligne, billets de blogs). Malin, Twitter ! Pour ce qui est de l’argument « ça permet d’interagir en direct avec les consommateurs / usagers / citoyens », mouais… il faudra justement attendre que l’usage se répande en France pour pouvoir en parler véritablement.
En mettant Twitter au cœur d’une vraie stratégie et en étant véritablement capable d’être un producteur de contenus, donc une marque média, le résultat peut être spectaculaire : @Starbucks compte 220 000 followers (contre 140 000 following, cela me fascine). Ce qui ne veut pas dire que 220 000 personnes lisent chaque tweet de Starbucks, mais peut-être quand même quelques dizaines de milliers. Sacrée façon de rependre la main sur le web. (voir aussi un classement des marques les plus mentionnées sur Twitter, mais je crois qu’il a été contesté).
Mais toutes les marques n’ont pas vocation à avoir 220 000 followers, et un grand nombre de celles qui tirent leur épingle du jeu sont de petites marques réactives (combien de fois ai-je entendu dire : « p****n, j’ai mentionné la marque XXX, et dans les 10 mn, j’avais un message @XXX is now following you ! »).
Reste le problème juridique qui est entier pour certaines marques : s’il faut valider chaque tweet avant diffusion, on ne va pas y arriver.
Suite demain : Twitter et la blogosphère, je t’aime moi non plus.