Archives mensuelles : novembre 2008

The online media and their blogs

I just finished something I’d been meaning to do for months: investigating the blogging policies of France’s “big papers”.

What do I mean by blogging policy, you ask? Just whether and how they offer blogs to their readers. There are many kinds: journalists’ blogs on their own newspaper’s website (e.g. Corinne Lesnes’ on lemonde.fr), a blog platform offered to Internet users under the paper’s brand (monblog.lemonde.fr), etc.

Though things have been changing in recent months, French journalists are not big on blogs, whether as a source of information or a means of publication. And the general impression in the blogosphere is that journalists are rarely bloggers and that the few who are take a top-down approach, not answering comments, etc.

The other reason I’m interested in the issue is that the online media is a major host of blogs, some of which are excellent, receive a very large number of comments and – one imagines – are very widely read. Yet their style of promotion is quite different from the most visible blogs, those at the top of the Wikio ranking.

Indeed, the blogs hosted by the online media’s websites and platforms often belong to authors who are not very involved in the blogosphere, who understand the notion of incoming and outgoing links and who use it to gain visibility. On the other hand, when they are linked on the homepage of their host media, they can operate as true meeting places for readers.

Perhaps influence – that much-sought grail – is not where we thought (in the Wikio ranking) but also in these less communitarian tools with a major potential for attracting an audience: blogs published by the media?

So I examined the blogging policy of a good twenty general-interest online media: the web versions of traditional media and a few pure players. This produced the following typology and quantitative analysis:

0. The non-policies

Among the media I looked at, five didn’t offer any blogs:

– Marianne2
– L’Humanité
– France Info
– RFI
– Le Point

1. The “closed” policies

These media offer blogs for reading, but not for writing. Internet users are not invited to create their own. Here the purpose is to promote one’s image, not to provide a service.

There are two sub-categories in this “closed” policy:

1.a. Closed policy – only journalists’ blogs:

–    Le Figaro
–    Valeur Actuelles
–    La Croix
–    La Parisien
–    RTL
–    France Inter
–    Europe 1
–    RMC

See the table for their quantitative data

1.b. Closed policy – journalists’ AND invited guests’ blog.

•    Libération
•    L’Express
•    Rue89
•    Métro
•    Backchich

2. The “semi-open” model

These media invite their subscribers – but not other internet users – to create a blog. One could say they are offering a “limited service”. Their platforms present the blogs of journalists, guests and subscribers.

Only Le Monde and Mediapart are in this category.

Note that Le Monde doesn’t offer any “staff blogs”: journalist bloggers are to be found in the same section as the guests. This allows lemonde.fr to list 20 quality blogs, only four of which to my knowledge are written by Le Monde journalists (such as courtroom blogger Pascale Robert-Diard).

While Le Monde has one of the most interesting and complete blogging platforms, its journalists’ participation is scant.

3. The “open” model

These online media invite any passing Internet user to create his or her blog under the media’s brand (eg monblog.20minutes.fr). Naturally they have to sign up first, but it’s free.

Here the purpose is to provide a service and attract an audience. It works fine for some (20 minutes, LePost et le NouvelObs) and not nearly as well for others: Journal du Dimanche, where the blogging activity is almost nil.

All the quantitative data I collected by looking at these platforms is summarised in the table below:
online-media-and-their-blogs
(click to zoom)

Conclusions.

The dominant model is therefore 1.a.: only journalists’ blog.

Regarding journalists’ blogging practice, I found about a hundred “staff” and “journalist” blogs in the media I looked at. Not bad, though I suspect the figures would look quite disappointing if one examined how many journalists post comments on these 100 “official” blogs.

The Figaro, with 15 journalist blogs updated throughout the week, is where blogging journalists are to be found most easily.

Only a few manage to maintain “guest” blogs: Le Monde, Libération, L’Express, Rue89, to a lesser extent Mediapart and – in its own way – LePost. But do they make good use of this asset?

Bear in mind also that the real difficulty is ensuring that blogs’ editorial production keeps up at a good pace. It seems crucial for the media’s image that the blogs showcased are not inactive or – worse – a cemetery like the Journal du Dimanche’s.

From the media’s perspective, a blogging policy requires a true strategic consideration and real availability. Blogging is a demanding activity and as I often say: a blog’s not a tool, it’s a strategy.

Les médias en ligne et leurs politiques de blogs

Je viens de faire un travail qui me tenait à cœur depuis plusieurs mois : décortiquer les politiques de blogs menées par les principaux médias en ligne généralistes — les « grands médias », si on veut.

Qu’est-ce que j’appelle la « politique de blogs » des médias en ligne, d’abord ? Tout simplement la manière dont ces médias proposent des blogs, ou pas, à leurs lecteurs.

Cela peut prendre des formes multiples : des blogs de journalistes sur le site du média (par exemple celui de Corinne Lesnes du Monde), une plate-forme de blog proposée aux internautes sous la marque du média (monblog.lemonde.fr), etc.

Or on sait que les médias français ont une vision culturellement très méfiante vis-à-vis d’Internet. Pourtant, bloguer est à la fois un moyen de :
– proposer un service additionnel à son public (un service d’information quand le média édite des blogs, un service de participation quand le média propose une plate-forme de blogs ouverte au public)
– d’interagir avec lui pour enrichir l’information et être à son écoute
– ou encore tout simplement une pratique inhérente au métier de journaliste, qui peut utiliser le blog pour raconter les coulisses de son métier, expliquer les dessous d’une enquête, diffuser des informations complémentaires, proposer des analyses complémentaires avec un point de vue plus personnel comme le blog le permet bien.

Même si cela a tendance à évoluer un peu depuis quelques mois, on sait que les journalistes français se servent encore malgré cela assez peu des blogs, que ce soit comme source d’information ou comme outil de publication. Et l’image générale dans la blogosphère est que très peu de journalistes bloguent et que beaucoup de ceux qui le font ne le font que dans une logique descendante, ne répondant pas aux commentaires, etc.

L’autre raison de mon intérêt pour cette question est que l’on sait que ces médias hébergent une quantité tout de même assez importante de blogs, parfois de très bonne qualité, parfois avec de très nombreux commentaires et, on peut le supposer, une audience importante… mais dont la logique de valorisation est assez différente de la blogosphère la plus visible, celle du haut du classement Wikio.

En effet, les blogs hébergés sur des sites ou des plates-formes de médias en ligne ne sont le plus souvent pas tenus par des auteurs très intégrés dans la blogopshère, qui maîtrisent la notion de lien entrant et sortant, et qui l’utilisent pour émerger en visibilité.

En revanche, le fait d’être situés sur des gros carrefours d’audience (les médias en ligne) peut être un vecteur de visibilité pour eux (à la fois par la faculté de cliquer depuis une rubrique « les blogs » sur la home, mais aussi parce que certains de ces médias intègrent des billets de blogs aux actus, donc dans la partie la plus visible et la plus suivie du média…).

Pour prendre un exemple, les blogs politiques du haut du classement Wikio ne sont pas, sauf quelques exceptions (Coulisses de Bruxelles, sur la plate-forme de Libé ; Jean-Michel Aphatie, chez RTL), hébergés par des médias en ligne mais sur des plates-formes de blogs classiques. Ces blogs maîtrisent bien les techniques qui permettent d’obtenir les précieux liens entrants qui permettent de remonter en popularité. A l’inverse, un blog comme celui d’Ivan Rioufol, éditorialiste au Figaro, est extrêmement vu et commenté sur le Figaro.fr. Il ne linke pas d’autres blogs ou participe à leurs commentaires pour les « draguer », et récupère donc moins de liens que ce qu’il pourrait. Pourtant, il est présent sur Lefigaro.fr et doit récupérer un trafic plus important que ne laisse suggérer sa 266ème place au classement Wikio, si on en juge par les centaines de commentaires qu’il peut avoir sur certains billets.

Bref, on a me semble-t-il affaire à des blogs qui échappent assez largement au système du netlinking et qui pour cette raison ne sont pas très visibles alors qu’ils peuvent être très visités. Et si l’influence, que l’on cherche tellement, n’était pas là où on la croit (dans le classement Wikio), mais aussi simplement dans ces outils moins communautaires mais à potentiel d’audience que sont les blogs édités par des médias ??

(Par ailleurs, soyons clair, je ne fais absolument pas partie des détracteurs du classement Wikio que j’estime nécessaire et plutôt bien fait).

Donc, je me suis penché sur la politique de blogs d’une grosse vingtaine de médias en ligne généralistes : les déclinaisons web de médias traditionnels et quelques pure players. J’en arrive à une typologie et une analyse quanti qui donne certaines tendances.

Je me suis en particulier attaché à regarder :
– le nombre de blogs existant, leur nature (blogs de journalistes, d’invités, d’internautes)
– leur vitalité, en utilisant la proportion de blogs actualisée au cours de la dernière semaine (relevés effectués dans la soirée du 29/11)
– la valorisation de ces blogs sur la homepage du site

Et non, je n’ai pas regardé le nombre de commentaires sur les blogs (j’ai été tenté, j’avoue, mais il y a un moment où il faut doser son effort 😉 ).

La conclusion est que l’on trouve en gros 4 politiques de blogs sur ces médias :

– les politiques « ouvertes » au public
– les politiques « semi-ouvertes »
– les politiques « fermées »
– les « non-politiques »

Sous réserve de toute erreur de lecteur, de décompte, etc., allons dans le détail et commençons par les non-politiques, ce qui est le plus simple. Parmi les médias que j’ai regardés, 5 ne proposent pas de blogs. Il s’agit de :

Marianne2 qui accueille des « blogueurs associés » sur ses pages, c’est à dire des blogueurs qui s’expriment sur d’autres plates-formes et qui sont invités à écrire sur Marianne2. Mais techniquement, Marianne2 (qui est, en fait, un blog…) n’accueille pas de blogs spécifiques de journalistes, d’experts ou d’internautes.

L’Humanité

France Info

RFI

Le Point, qui peut faire débat. D’abord, il y a un bouton « blog » trompeur dans le footer de la page d’accueil, puisqu’il ne mène nulle part. Ensuite, on peut considérer que certains espaces du site sont des blogs : Média 2.0 d’Emmanuel Berreta par exemple est un espace qui a une thématique (les médias), un nom, un auteur identifié, et dont les articles sont commentables. Mais n’est pas présenté comme « un blog ».

6 des pages du Point.fr ont ce profil, mais je ne les ai pas considérées comme des blogs au final, tout simplement car pas présentées comme telles. A la question « c’est quoi un blog ? », la réponse dans cette petite étude est : « ce que les médias présentent comme un blog ». il faut faire des choix.

Et maintenant, ceux qui présentent des blogs, donc.

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1. Les Politiques « fermées »

Il s’agit des médias qui proposent des blogs à lire, mais pas à écrire. Blogs de la rédaction, blogs d’experts ou de témoins invités par la rédaction, en quantité plus ou moins importante, ces médias sont dans une logique de proposition d’information supplémentaire ou complémentaire, par rapport à leur production éditoriale « officielle », mais ne proposent pas aux internautes de créer leur blog. On est dans la logique d’image de marque, pas dans la logique de service.

On peut distinguer deux sous-catégories au sein de ces politiques « fermées » : les médias qui ne proposent que des blogs de journalistes / rédaction / émission ; et les médias qui proposent des blogs de journalistes ET d’invités.

1.a. Politiques fermées : blogs de journalistes seuls. Il s’agit de :

– Le Figaro. Le Figaro propose 17 blogs qui sont tous des blogs (individuels ou collectifs) de journalistes de la rédaction, comme Suivez le Geek (Samuel Laurent et Laurent Suply) ou Etreintes Digitales (Marie-Catherine Beuth). 15 de ces 17 blogs ont été mis à jour au cours de la dernière semaine : pas mal ! Par contre Le Figaro valorise 3 de ces blogs depuis la home, ce qui le place en queue de peloton.

– Valeurs Actuelles… qui compte 1 blog : le blog de la rédaction (tenu à jour).

– La Croix, avec 5 blogs, dont 4 mis à jour au cours de la semaine. L’un des blogs fait intervenir des invités mais les autres sont des blogs de la rédaction, comme par exemple celui de Bruno Frappat. Les 5 blogs sont tous valorisés sur la home.

– La Parisien, c’est à peu près la même chose. On trouve seulement 6 blogs le Parisien, mais tous updatés dans la semaine et tous valorisés sur la home (dans un format blogroll). A noter que lorsque je m’étais penché une première fois sur la question au mois d’août, le Parisien ne proposait qu’un seul blog, sur les J.O. Il y a donc du changement… un exemple de variété des sujets abordés avec Jacky la main verte.

– RTL propose 8 blogs de la rédaction au total. 7 d’entre eux ont été mis à jour dans la semaine. 5 d’entre eux sont valorisés sur la home. On connaît bien Aphatie mais on peut aussi citer un exemple de blog jardinage. (Le parisien, RTL, des médias populaires à l’écoute des préoccupations pratiques de leurs publics ?)

– France Inter compte 22 blogs de journalistes (dont 5 correspondants à l’étranger). 14 d’entre eux ont été mis à jour dans la semaine, comme par exemple celui de Jean-François Achilli. Mais un seul est valorisé sur la home.

– Sur Europe 1, on trouve 3 blogs de la rédaction, tous mis à jour dans la semaine. Un seul également est valorisé sur la home. A noter que Europe 1 revendique des « blogs internautes » là où il n’y a en fait que des forums.

– RMC propose 11 blogs d’émissions, tous à jour. Tous sont cliquables depuis la home, et un d’entre eux est intégré aux actus de rmc.fr. On notera qu’ici aussi la thématique jardin est populaire.

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1.b. Politiques fermées : blogs de journalistes ET AUSSI d’experts invités. Il s’agit de :

– Libération. Libération propose 51 « Libéblogs ». Sur ces 51 libéblogs, 17 sont des blogs de journalistes (comme Secret Défense) et 34 sont des blogs d’invités (comme par exemple Serial Worker sur la vie au travail), ce qui en fait une des plates-formes les plus riches.

Sur les 51 libéblogs, 27 ont été actualisés depuis une semaine, soit une grosse moitié. Sur les 17 libéblogs de journalistes, 9 ont été mis à jour depuis une semaine, soit également une bonne moitié. Ajoutons également que depuis la home de Libé, 8 blogs sont cliquables (2 dans les actus, 6 dans la blogroll).

– L’Express. L’Express compte 28 blogs dont la moitié sont tenus par des journalistes de la rédaction (l’occasion de saluer le travail de transparence fait sur le blog Nouvelle Formule d’Eric Mettout). Les autres sont tenus par des experts (c’est chez l’Express que Jacques Attali tient sa conversation — qui n’en est pas une) ou des « témoins » (au sens large, exemple le blog de Jean-Pierre Dick ou le blog Elections Américaines qui était tenu par les étudiants en journalisme de Science po), voire des salariés non journalistes (le blog e-veille).

On peut cliquer 5 blogs depuis la home (un en actus, 4 en blogroll).

Sur les 28 blogs de lexpress.fr, 19 ont été mis à jour depuis une semaine, dont 12 des blogs de journalistes. Autrement dit, les journalistes qui participent aux blogs de l’Express sont assez actifs. Au moins en production éditoriale puisque je n’ai pas regardé leur activité dans les commentaires (je dis ça car j’ai en tête par exemple que Renaud Revel ne répondait pas aux commentaires, mais comme beaucoup d’autres).

– Rue89. La page « blogs » de Rue89 compte 84 blogs listés dans l’ordre alphabétique. Les « riverains » n’ayant pas la possibilité de créer leur blog Rue89, on est bien dans un modèle où les blogs sont ceux de la rédaction et d’invités.

Il n’y a pas d’autre méthode d’analyse que d’aller les visiter un par un et je n’ai pas eu la patience de regarder l’intégralité des 84. Je ne saurai donc pas dire combien de ces blogs sont des blogs de la rédaction de Rue89 (comme par exemple le Démonte-Rumeur, une excellente idée), et combien sont des blogs d’experts ou de leaders d’opinion (Rue89 avait réussi le joli coup d’embarquer 7 nouveaux députés dans le blogging).

Par contre j’en ai cliqué 30 pour voir le niveau de production éditoriale. 15 des 30 avaient été mis à jour dans la semaine. Les blogs Rue89 seraient donc « à moitié actifs ».

Ces blogs bénéficient par ailleurs d’une exposition plus ou moins forte, puisque certains d’entre eux sont intégrés dans la fil d’actu de la home (par exemple, ce qui était posté par Guillemette Faure sur le blog Campagnes d’Amérique était aussi intégré dans l’actu USA de Rue89. Donc pour certains au moins, ce sont davantage que des blogs annexés au média).

Dernier point : 9 blogs Rue89 sont cliquables depuis la home, et Rue89 est le seul média avec Backchich à proposer une blogroll pointant vers des blogs externes (certains médias font de la revue de web avec des liens pointant vers des sources / articles, mais Rue89 et Backchich sont bien les seuls à ma connaissance à proposer une sélection permanente de sources pointant vers des homepages).

– Métro (edit : je m’étais initialement trompé en classant Métro dans les « non-blogs », n’en ayant dans un premier temps trouvé aucun depuis la homepage…).

J’ai trouvé 20 blogs sous la marque Métro, dont 14 sont ouverts au public sous un format « d’appel à contributions » (exemple avec « Même pas honte« ). Modèle ouvert ou fermé ? Dans la mesure où il n’est pas possible de créer son blog Métro, je préfère garder Métro dans la catégorie « fermée ».

Par ailleurs Métro n’est pas très explicite sur le « statut » des auteurs des blogs, journalistes ou invités. 2 des blogs sont identifiables comme émanant de journalistes, comme par exemple celui de Nadia Loddo ; le reste étant des blogs invités (4, comme celui de l’écrivain Mabrouck Rachedi), et les blogs faisant appel à contribution.

Sur ces 20 blogs, seuls 6 ont été mis à jour dans la semaine (dont un des deux blogs de journalistes) et 2 sont valorisés sur la home, au sein des actus.

– Backchich. Backchich propose 18 blogs dont les profils semblent être journalistes + invités. je dis « semble » car les profils des auteurs sont difficiles à identifier : Si on sait que Nicolas Beau est le patron de la rédaction, Réda Sadki, responsable de Survivreausida.net, a plus le profil d’un « invité ».

En tout cas, 7 de ces 18 blogs ont été mis à jour dans la semaine, et 7 sont linkés depuis la home (1 en actu, 6 en blogroll).

Au passage, je donne quelques exemples de blogs sur chacune des plates-formes que je cite, mais il faut vraiment aller voir pour se rendre compte de la diversité, de la richesse et de l’originalité de beaucoup d’entre eux.

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2. Le modèle « semi-ouvert »

J’entends par là les médias qui proposent à leurs abonnés, et non à tous les internautes, de se créer un blog. Je serais tenté de dire qu’on est dans une logique de « service restreint ». On trouve donc sur ces plates-formes à la fois des blogs de journalistes, d’invités et d’abonnés. C’est en fait le cas des seuls Le Monde et Mediapart.

– Le Monde. Sur sa page blogs, le Monde a la particularité de ne parler que des « blogs invités », des « blogs sélectionnés » et des « blogs » tout court.

Il n’y a donc pas les « blogs de la rédaction » : les journalistes du Monde qui bloguent sont intégrés au blogs « invités » : cela permet de mettre en avant 20 blogs de qualité… dont seulement 4 à ma connaissance (comme Pascale Robert-Diard, chroniqueuse judiciaire) sont tenus par des journalistes du Monde. Alors que le Monde a une plate-forme de blog les plus intéressantes et les plus complètes, la participation de ses journalistes reste bien maigre.

Les autres blogs « invités offrent une belle diversité d’idées de blogs (voir par exemple le blog « Démystifier la finance » du banquier Georges Ugeux). Tous les 20 ont été updatés dans la semaine.

Le deuxième niveau proposé par Le Monde, les « blogs sélectionnés », est issu des blogs d’abonnés. Il s’agit donc d’un choix éditorial de mettre certains blogs d’abonnés en avant (Gilles Klein qui est incontournable quand on s’intéresse aux médias en fait partie). 36 blogs sont ainsi « sélectionnés » par le Monde.

Pour le reste, on notera que le Monde valorise — sur sa page blog — les 30 derniers blogs d’abonnés mis à jour, et indique que 303 blogs ont été mis à jour depuis 2 mois. J’avais noté le même chiffre au mois d’août… et le jour où j’avais fait le relevé, le Monde indiquait 797 blogs updatés depuis deux mois. La plate-forme du Monde serait-elle en recul ??

Dernier point sur le Monde : la home du site linke 3 blogs dans les actus et en liste 13 dans ce qui ne s’appelle pas une blogroll mais occupe cette fonction. Ce sont donc 16 blogs du monde.fr qui sont cliquables depuis la home. On est dans la moyenne élevée.

– Mediapart. La conception ergonomique de Mediapart.fr rend difficile la lecture des données. Ce qui est sûr, c’est qu’il faut faire partie du club pour avoir un blog sur Mediapart. En consultant la liste des blogs de Mediapart, j’en ai dénombré 677. Mais sur ces 677, seuls 145 ont publié 10 fois ou plus.

Difficile de mesurer davantage le niveau d’activité de la plate-forme… Difficile également de distinguer les blogs de journalistes, d’experts ou d’abonnés car il faut prendre les blogs un par un pour le voir. On notera qu’Edwy Plenel a publié 18 fois sur son blog Mediapart.

Enfin, la home de Mediapart permet de cliquer 9 blogs différents.

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3. Le modèle « ouvert »

On a ici affaire à des médias en ligne qui proposent à tout internaute de passage de se créer son blog sous la marque du média (monblog.20minutes.fr par exemple). A condition évidemment de se créer un compte, etc., mais gratuitement. C’est une logique de service dans une recherche d’audience. On va voir que cela réussit bien à certains et beaucoup moins à d’autres.

– Le JDD. J’espère pour lui que le JDD est en train de repenser entièrement sa politique de blogs. Non seulement la navigation n’est pas optimale pour accéder aux infos, mais en plus les infos auxquelles ont accède donnent une image déplorable de la démarche blog du JDD. En cherchant bien, on trouve 10 blogs de la rédac. Un seul (celui de Michel Deléan) a été mis à jour depuis une semaine, et la plupart d’entre eux n’ont pas été mis à jour depuis plus d’un an…

On trouve ensuite une catégorie « le meilleur des blogs JDD », avec une sélection de 39 blogs (même modèle que lemonde.fr : la rédaction choisit ses blogs de lecteurs préférés). Sans avoir visité les 39 blogs, on voit vite là aussi qu’on est dans un cimetière… les meilleurs blogs ont l’air d’être en grande majorité… des blogs défunts. Hum !

Enfin, on peut accéder aux blogs de la « communauté » JDD… pas bien active, puisque seuls 5 blogs JDD ont été actifs la semaine passée.

En ce qui concerne la valorisation de ces blogs : le JDD en linke 6 sur sa home.

– Le Nouvel Observateur. Le Nouvel Obs propose les 3 niveaux : journalistes, invités, internautes.

On trouve 19 blogs de journalistes dont 13 ont été updatés dans la semaine (comme par exemple celui de Claude Soula sur les médias). Il y a eu un sérieux nettoyage car à une époque on en trouvait des dizaines et des dizaines, et quand j’avais commencé l’exercice cet été, on pouvait encore trouver le blog de Laurent Joffrin, passé chez Libé il y a deux ans et avec un blog NouvelObs décédé en même temps.

On trouve ensuite 30 blogs invités de l’Obs. Mais seulement 3 ont été updatés dans la semaine (exemple : Patrick Lozès, qui blogue sur la question raciale). C’est je pense la faiblesse de la politique de blog du NouvelObs. Parmi les idées originales de blogs, notons par exemple celui de Laurent Jacqua, détenu à la maison centrale de Poissy.

Impossible de savoir combien de blogs d’internautes existent sur la plate-forme Nouvel Obs, mais on peut voir que 160 d’entre eux ont été updatés depuis une semaine, ce qui en fait une plate-forme sans doute plus active que celle du Monde (sachant que le Monde est semi-ouvert, donc semi-fermé).

Enfin, l’Obs valorise ses blogs avec 3 blogs dans les actus et 20 blogs en blogroll, soit 23 blogs cliquables depuis la home.

– 20 minutes. Il est très, très compliqué, de lire et de réunir les infos sur les blogs 20Minutes. Il faut tout lire depuis la home car je n’ai pas trouvé de page réunissant les blogs 20minutes. Par rapport aux autres médias, on est frappé de voir à quel point les blogs sont intégrés à la home page : on peut au total en cliquer 85… là où chez les autres, on ne dépasse jamais les 20 (23 exactement, pour le NouvelObs).

On en compte 5 dans les actus de 20 minutes et le reste en « blogroll » : avec 9 blogs photo, 2 « c’est blogué » (l’occasion de rappeler que le Bondy Blog est chez 20 minutes), 15 « haut les blogs » (l’équivalent de la « sélection » de 20 minutes), 15 avec une liste automatique des derniers mis à jour (20 minutes est le seul média en ligne « ouvert » à se risquer à cela), 10 blogs ville et encore 25 dans une catégorie « vos blogs ».

Finalement, dans cette profusion, ce qui est marquant c’est le peu de blogs de la rédaction que l’on trouve : seulement 4, dont deux ont posté cette semaine (voir par exemple Au début des années 2000).

– Le Post. Un mot sur LePost bien qu’il n’utilise pas le vocable « blog » (et non, faites la recherche sur la home page…). Car le site fonctionne sur un modèle contributif avec de nombreuses pages personnelles. Mais il reste difficile de lire les infos puisque chaque posteur à sa page lepost/perso/mapage. Et que, comme pour Rue89 partiellement, un billet publié peut se retrouver sur la home dans le fil d’actus.

Quand on regarde les derniers mis à jour, on a le sentiment d’une activité faible. Quand on regarde le fil d’actu, on a le sentiment d’une activité intense. En tout cas, la home valorise 6 invités posteurs, et la liste complète des invités fait apparaître 14 noms parmi lesquels évidemment Guy Birenbaum et William Rejault, mais aussi par exemple l’ex serial-buzzeur de DailyMotion Full HD Ready ou encore Eric Maillard.

Je n’inclus pas LePost dans le tableau récap : les infos sont trop difficiles à lire à et « catégoriser ».

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Voilà donc beaucoup de données brutes, qui méritaient d’être mises dans un beau tableau, et Samuel a fait preuve de l’intérêt de l’intelligence collective en prenant le relais.

[edit : si vous êtes passés plusieurs fois sur cet article, vous aurez remarqué des évolutions… On va dire qu’il s’agit d’un « work in progress ». J’avais initialement la flemme de produire un tableau récap, puis repris les tableaux de Samuel dans un second temps avant de prendre mon courage à deux mains et de faire mon propre tableau récap que voilà.]

tableau-media-blogs-final

(cliquer pour agrandir)

Conclusions.

Le modèle dominant est donc le 1.a. : seulement des blogs de journalistes. Le modèle 3 est aussi assez présent ce qui montre pour les médias qui le choisissent qu’ils utilisent clairement les blogs dans une logique d’extension de leur audience.

Concernant la pratique du blogging par les journalistes, à l’arrivée, on trouve quand même dans l’ensemble de ce que j’ai étudié, une centaine de blogs « rédaction » ou « journaliste », ce qui n’est pas minable même si les chiffres feraient sans doute assez mal si on allait voir combien de journalistes participent aux commentaires sur ces 100 blogs « officiels ».

Avec, selon les médias, un nombre de journalistes tenant un blog de façon active assez variable (de 1 à 15) et jamais en quantité large : c’est au Figaro, avec 15 blogs de journalistes mis à jour dans la semaine, qu’on trouve la plus grosse activité de journalistes qui bloguent.

On notera aussi que seuls quelques-uns réussissent à entretenir des blogs « invités » : Le Monde, Libération, L’Express, Rue89, Mediapart dans une moindre mesure, et LePost à sa façon. Mais cette richesse est-elle suffisamment exploitée ?

On peut aussi se demander, enfin, entre les médias qui sont dans une logique d’image de marque (modèles fermés) et ceux qui sont dans une logique de service (modèles semi-ouverts et modèles ouverts), ce qui fonctionne le mieux. Je ne pense pas qu’il y ait un modèle qui doive s’imposer, mais que le choix doit être fait en fonction des priorités du média. Il me semble par exemple assez cohérent que 20minutes soit dans un modèle hyper ouvert.

En revanche, on note la vraie difficulté à faire en sorte que la production éditoriale des blogs suive à un bon rythme et il me paraît crucial pour l’image de ne pas donner à voir des blogs inactifs… voire carrément un cimetière comme le JDD.

Du point de vue du média, la politique de blogs demande une vraie réflexion stratégique et une vraie disponibilité… Bloguer, c’est exigeant et comme j’ai souvent l’occasion de le dire : un blog ce n’est pas un outil, c’est une stratégie.

Du point de vue des observateurs, cette blogosphère des médias a aussi le mérite de permettre d’identifier de nombreuses personnalités de la société civile, invités sur les blogs de médias, experts ou leaders d’opinion dans leur domaine. Il y a donc dans ces plate-formes de médias, je pense, une très grande richesse qu’on appréhende mal quand on aborde la blogosphère par le seul côté Wikio.

Et beaucoup d’autres commentaires à faire, mais je m’arrête là.

Un échange avec Reid Hoffman

Soirée schizo hier puisque je (le blogueur) ai participé au dîner organisé par nous (l’agence) pour LinkedIn (notre client). L’objectif était de mettre en contact les équipes LinkedIn avec une dizaine de blogueurs, à l’occasion du lancement de la version française du réseau. Certains en ont déjà parlé et l’annonce est un peu partout (et notamment la vidéo du lancement).

[edit : ont aussi publié depuis la mise en ligne de ce billet, Verbal et Bertrand Duperrin avec un point de vue passionnant]

Parmi les personnes représentant LinkedIn se trouvait Reid Hoffman, qui s’est déplacé tout autour de la table et s’est retrouvé entre Guillaume Buffet et moi pour le dessert. Reid est le co-fondateur de LinkedIn, son ancien CEO mais toujours Président, et un investisseur de la Sillicon Valley (il investit dans Facebook, Technorati, Wikia, Digg, Friendster, SixApart, Seesmic…). Je tente de restituer la conversation.

« Alors on dit toujours que tu as dit la phrase suivante « MySpace is the bar, Facebook is the home, LinkedIn is the office », mais plus tôt dans le dîner j’ai entendu la même avec « Facebook is the barbecue ». Donc Facebook, c’est la maison ou le barbecue ?

Initialement j’avais pris l’image du barbecue. C’est ce que tu fais au fond de ton jardin. C’est ton territoire, c’est un territoire ludique et tu peux inviter tes amis ou tes relations professionnelles, mais tu vas essayer de ne pas mélanger les deux.

Tu investis dans Facebook, tu considères donc que Facebook et LinkedIn ne sont pas concurrents ?

Je sais que beaucoup de monde pense ça. Mais effectivement ce n’est pas le cas. LinkedIn est un réseau clairement identifié comme professionnel. Et quand on regarde les usages qui sont faits de Facebook, c’est très clair : la plus grande partie du temps qui y est consacré par des internautes l’est pour les applis photos (50% des pages vues) et les jeux (30%). Il y a donc une vraie logique à ce qu’un individu ait un profil Facebook et un profil LinkedIn, et pas juste l’un des deux.

En France, la culture du networking est un truc spécifique à certains milieux socio-professionnels et qui n’est pas toujours bien perçu. J’ai l’impression que beaucoup de Français font l’apprentissage de cette notion de réseau avec des outils comme Facebook, MySpace ou LinkedIn. D’accord pour dire que vous tirez tous dans le même sens ?

Oh oui. C’est un phénomène culturel. Si tu t’accoutumes avec la mise en réseau alors que tu es étudiant via MySpace ou Facebook par exemple, tu as plus de chances d’être à l’aise avec LinkedIn quand tu es sur le marché professionnel.

LinkedIn a effectivement la spécificité d’être un territoire beaucoup mieux identifié que Facebook puisque clairement défini comme professionnel, mais LinkedIn a quand même aussi une problématique d’audience qu’il faut monétiser. Comment faire croître l’audience sans perdre son identité ?

Aujourd’hui LinkedIn dans le monde c’est 31 millions de membres et le réseau est leader des réseaux professionnels dans l’ensemble du monde anglo-saxon. En fait c’est surtout en France (avec Viadeo) et en Allemagne (avec Xing) qu’il n’est pas leader. Son identité est décisive et on parle d’ailleurs de réseau professionnel, pas de réseau social. L’audience croît naturellement d’une part (un nouveau membre chaque seconde), et d’autre part on la recherche avec les partenariats et le développement d’applications, comme Google Presentations ou Amazon Book Reviews.

Enfin le modèle économique de LinkedIn, ce n’est pas que l’audience. Il y a 5 sources de revenus différentes, dont la publicité fait partie, mais aussi différents niveaux de service aux particuliers (notamment pour la recherche d’emploi) et aux entreprises (dont les sondages, que nous venons de lancer).

En France, malgré des audiences parfois formidables, la publicité en ligne paie mal. Et aux USA ?

Je pense qu’il y a un problème de même nature mais de moindre ampleur. La question est celle de l’invention des modèles publicitaires, et les deux plus grandes inventions dans ce domaine jusqu’à présent sont Google Adwords et Google Adsense. Parce que sur Internet, les gens cherchent de l’info. Il n’est pas étonnant que Facebook, malgré son audience colossale, n’ait pas encore réussi à monétiser son audience… La question est aussi celle de la qualification de l’audience qui est d’ailleurs un des points forts de LinkedIn. Maintenant ce qui va se passer dans le contexte économique actuel va être très riche en enseignements.

LinkedIn c’est aussi un outil de réputation en ligne : on conseille de plus en plus aux cadres en entreprise de se créer un profil LinkedIn pour que ce soit la page sur laquelle les gens qui les Googlisent vont tomber. Avez-vous envisagé d’attaquer spécifiquement le marché des relations publiques, où des gens font du conseil en e-réputation, pour faire passer le message qu’on a tout intérêt à créer des profils LinkedIn pour ses clients ? Ou bien c’est un micro-sujet ?

(Il note l’idée). On n’y a pas pensé sous cet angle-là. On a effectivement travaillé le message « LinkedIn pour votre référencement / E-Réputation » mais au niveau des individus, pas au niveau des conseils. C’est intéressant car effectivement LinkedIn est une réponse aux besoins de ceux qui travaillent sur la question de la réputation, et plus un profil LinkedIn sera populaire, plus il aura de chances de sortir haut dans les résultats de recherche même si la personne a une grosse présence sur Internet. Mais la question vaut la peine d’être traitée comme telle si on pense que derrière ce marché, il y a au moins plusieurs centaines de milliers de nouveaux utilisateurs.

Comment choisis-tu les sociétés dans lesquelles tu investis ?

J’ai trois critères. 1. Il doit y avoir une idée nouvelle. 2. Le service doit toucher potentiellement des millions de gens. Au moins 10 millions. 3. Il faut que la personne me soit recommandée. Je ne discute qu’avec des gens qui me sont recommandés, et en général, je décide d’investir — ou pas — au premier rendez-vous, au  bout d’1h. Ce qui fait que je suis quasiment toujours l’un des premiers à investir.

Et parfois, je fais un chèque pour une initiative qui me tient à cœur, et je sais que je ne vais pas gagner d’argent dessus. Alors dans le carnet, à côté du montant que j’ai donné, je mets 0 dans la colonne « Valeur ».

C’est à cause de cette activité d’investisseur que tu as laissé la fonction de CEO de LinkedIn ?

Pas tellement. C’est plus que j’ai du mal à me dire que je vais me lever tous les jours à la même heure pour aller au même endroit. J’aime accompagner les nouvelles idées. C’est mon côté touche-à-tout.

Qu’est-ce que vous pouvez attendre réellement de la version française de LinkedIn ?

Nous sommes patients. On sait que c’était quelque chose de très attendu. Ca baisse le ticket d’entrée pour les nouveaux membres.

Quelle est l’anecdote la plus incroyable de quelque chose qui se serait passé sur LinkedIn, dont tu aies connaissance ?

Il y a par exemple un type qui a levé 250 millions de dollars pour sa société entièrement grâce à des contacts sur LinkedIn (il avait 50 millions avant, 300 millions après). C’est le genre de choses qu’il faut effectivement raconter, car notre message est aussi que LinkedIn c’est les relations professionnelles en général, et pas juste la recherche d’emploi. »

Voilà, comme dans toute restitution de conversation, il manque des tas de bouts, il y a des raccourcis honteux, des reformulations inacceptables et le vin n’aide pas, mais dans mon souvenir ça a ressemblé à ça et j’espère que Reid s’y retrouvera aussi.

Voir aussi cette interview très complète du CEO Dan Nye.

Et pour conclure sur le sujet du jour, join my network on Linkedin, pardon, J’aimerais vous inviter à rejoindre mon réseau professionnel en ligne, sur le site LinkedIn. – François

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On dirait pas comme ça, mais j’ai vraiment parlé avec Reid Hoffman. Crédit Photo Richard Menneveux.

La poupée vaudou de Sarkozy : nouvel objet transitionnel de l’opinion ?

L’anecdote d’un jour peut-elle devenir une référence politique ? C’est en tout cas la question soulevée par cette image choisie par Libération.fr pour illustrer la manifestation du service public d’aujourd’hui :

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Cela vous rappelera aisément ça :

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Ce qui se présentait au départ comme un objet humoristique et potache (et finalement assez neutre puisque Royal avait la sienne) a pris une toute autre ampleur avec la procédure engagée par notre Président – rompant toujours et encore avec la tradition présidentielle de « l’homme au-dessus de la mêlée ». Succès de vente incontestable, la poupée vaudou du président pourrait devenir une référence, un nouvel emblème des manifestants engagés contre le gouvernement.

Cette poupée vaudou, outre le clin d’oeil humoristique, a aussi « l’intérêt » du sous-entendu : rien ne dit que c’est une représentation de notre président et pourtant nous l’avons tous compris. Cette poupée est ainsi une version édulcorée de la pratiques des effigies brûlées en place publique, un classique des manifs chaudes :

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(à gauche : Révolution de 1848. Le peuple brûlant le trône de Louis-Philippe au pied de la colonne de Juillet, place de la Bastille. Paris, 25 février. Lithographie de Lordereau. B.N.F. et à droite : Révolution française de 1789. Le pape Pie VI brûlé en effigie au Palais-Royal. Paris. 3 mai 1791. Gravure, B.N.F.)

Dans les manifestations et mouvements sociaux, le chef de l’Etat est souvent invectivé, raillé : une photo avec un slogan assassin par exemple

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Pour autant, l’intégrité physique est souvent respectée. Mais la photo de la manifestation montre que l’on ne se bat plus seulement sur le terrain des idées. On s’attaque directement au corps du président et plus seulement à ses idées.

Un constat qui n’a rien d’extraordinaire si l’on a pris conscience que Nicolas Sarkozy avait lui-même un problème avec son corps (ses tics, son excitation etc.) et les « habits » de la fonction présidentielle :

il faut revenir à la célèbre question des deux corps du roi, analysée par Ernst Kantorowicz.
Dans l’ancien modèle de représentation populaire, les institutions
occupent un rôle essentiellement sémantique. Elles n’ont pas vraiment de rôle de coordination, d’administration ou de police: elles disent ce qui est. Personne ne peut dire ce qu’il en est de ce qui est pour les autres puisque les personnes individuelles ont un corps, qu’elles sont situées, qu’elles ont une libido, des intérêts… Il revient donc à un être sans corps de dire ce qu’il en est de ce qui est. C’est précisément cela qu’on appelle une institution.

Evidemment, cet être sans corps a des représentants dotés eux d’un corps. D’où la crainte permanente relevée par Rousseau dans Le Contrat Social que ces êtres avec corps ne représentent pas vraiment l’être sans corps, même s’ils s’efforcent de le faire en mettant de beaux chapeaux, un joli costume, en changeant de voix, bref en s’efforçant de mettre à l’écart leur corps libidinal, leurs intérêts… Or, ce à quoi s’emploie notre nouveau Président (car c’est bien notre Président, rappelons-le !), c’est à réduire totalement cet écart. Il arrive dans l’institution avec son corps et sa libido, ses intérêts et ses copains friqués. Evidemment, ça provoque un choc assez violent. (extrait de l’interview de Luc Boltanski sur Mediapart, le 09 mars 2008)

Cette nouvelle manière de montrer son corps a donc des répercussions politiques très  problématiques. D’une certaine manière, cette poupée vaudou de Sarkozy a offert un objet transitionnel à l’opinion et plus précisèment aux publics qui souffrent ou se sentent malmenés par les actions du gouvernement (même si je manie trop mal la psychanalyse pour être affirmatif 😉 : arborer cette poupée me semble relever à la fois d’une lutte contre l’angoisse (j’ai peur des réformes en cours, de Nicolas Sarkozy j’arborre donc sa caricature) et de la sensation de contrôle ( « je l’épingle ») caractéristique de ce type d’objet. Un autre exemple classique d’objet transitionnel dans les manifs était le cercueil, comme cette photo trouvée sur ce blog :

cercueil

Moralité ? Les innovations en matière de communication politiques du début de quinquennat se prennent de gros retours de bâtons…

Ne confondez plus publication et social

Je rebondis sur le dernier billet de Fred Cavazza, « ne confondez plus communautaire et social« . On a trop tendance à considérer que tout est communautaire sur le web, là il n’y a parfois « que » du social.

Cavazza voit le communautaire dans les véritables espaces de discussion (pas ceux où on se lance des moutons), à savoir majoritairement les bons vieux forums qui ne font plus rêver ni les internautes ni les médias. Mais qui sont toujours là, bien là et hyperactifs comme l’avait montré Christophe de Ouinon.net avec sa fameuse cartographie des forums francophones.

[Le mot « communautaire » est d’ailleurs bien pratique mais usité de façon abusive là où il y a avant tout des réseaux d’affinité, comme on l’avait fait remarquer dans notre billet « 10 considérations sur les blogs« . On l’utilise même pour décrire les utilisateurs d’un service qui n’ont pas forcément d’affinités entre eux : « bienvenue dans la communauté Neuf Wifi »… Bref la notion de communauté en vient à remplacer la notion de public]

Beaucoup d’espaces de web 2.0 sont des espaces sociaux sans être des espaces communautaires : on interagit sur Facebook, MySpace ou LikedIn : on est en relation avant d’être en dialogue. Donc ces espaces ne sont pas communautaires au sens cavazzien.

Je suis assez d’accord avec l’analyse de Fred Cavazza et en même temps cela m’inspire plein de choses. Des choses peut-être pas complètement finies mais je compte bien sur la fonction sociale de ce blog, c’est à dire vos commentaires, pour l’enrichir 😉

D’abord, sur le web tout n’est pas social mais on finit par se demander ce qui ne l’est pas. On peut commenter les médias en ligne, des marques mettent en place des lieux d’expression pour les internautes, Vie de merde est le succès de l’année… Donc y a-t-il le communautaire d’un côté et le social de l’autre ? Il y a plutôt je pense le social en général et dans le social, du communautaire — ou pas. Le communautaire est un sous-segment du social.

Ensuite, sur la différence entre communautaire et social. Est-ce que la différence à faire est entre le dialogue (le forum) et l’interaction (Facebook) ? Ou est-ce qu’on ne peut pas voir aussi une différence entre les lieux d’affinités thématiques, où l’on interagit avec d’autres internautes autour d’un sujet commun, et les lieux où l’on reproduit le réel ?

Dans un cas, le réel importe moins que le thème ; dans l’autre le réel prime sur le thème.

Dans cette définition, les forums seraient communautaires bien sûr, certains blogs aussi, de même que Wikipédia, et MySpace également (Myspace me semble fonctionner autour des affinités avant de fonctionner comme lieu de reproduction du réel). Facebook ne serait pas communautaire mais social…

Enfin, et j’en reviens au titre parodique de ce billet (et sans vouloir contredire Cavazza puisque je prends un prisme différent : là où il se place du point de vue des marques, je m’interroge sur la typologie du web), si on se pose la question de la typologie des espaces du web 2.0, il faut quand même en revenir aux usages dominants que l’on peut faire des différents médias.

De ce point de vue, le social a beau être partout (d’où le fait que l’expression « médias sociaux » semble se substituer à l’expression « web 2.0″…), on est vite limité par la question social / pas social / communautaire / pas communautaire.

Pourquoi ? Parce que le social (l’interaction) ou le communautaire (le dialogue dans la définition cavazzienne / l’affinité thématique dans ma poposition), n’est pas toujours l’usage dominant que l’internaute fait du média.

D’où cette typologie que j’utilise à partir des usages et que je signalais en commentaire chez Palpitt :

les médias de publication : médias en ligne, blogs, Wikipédia, plates-formes vidéo ; voire médias de republication type Wikio. La fonction sociale, quelle qu’elle soit, est de moindre importance que la fonction de publication. On se rapproche plus d’une déclinaison des médias traditionnels, en ligne (le journal papier, la télévision…)

les médias de recherche : les moteurs. Sachant que la recherche est le premier usage du web, difficile d’y échapper dans une typologie…

les médias sociaux : les forums, les réseaux sociaux et professionnels, les espaces d’échange type Yahoo! Question… Ici, la fonction principale est à chercher dans le rapport à l’autre.

Ca fout tout en l’air ? C’est ça qui est bien 😉 .

Bon évidemment, tout est dans tout sur Internet, le social est dans la publication (on commente les blogs) et inversement (on publie des notes sur Facebook) et comme le fait remarquer Hubert Guillaud dans les commentaires chez FC, ce n’est pas l’outil qui fait l’usage et on peut voir plusieurs usages du même outil.

Mais s’il fallait faire une typologie, je pencherais de ce côté-là. Quitte à ne pas trop savoir où foutre Twitter (publication qui n’a pas de sens sans la fonction sociale) ou les outils de social bookmarking.

Vous aurez remarqué que je n’utilise donc pas « médias sociaux » pour décrire l’ensemble du web 2.0, mais seulement une sous-catégorie. De même que le communautaire est dans le social sans être le social, le social est dans le 2.0 sans être le 2.0.

C’est lié à cet attachement pour l’usage dominant du média… Et même si c’est bientôt démodé et qu’on ne sait pas trop ce que ça veut dire, je crois que je préfère le bon vieux terme de web 2.0 à celui de « médias sociaux ».

La logique de décentralisation sur le web vue par les Monty Python

Les Monty Python lancent une chaîne YouTube. Jusque là rien d’extraordinaire (quoique c’est quand même une sacrément bonne nouvelle quand on est fan).

Sauf que la vidéo de présentation de la démarche dit tout.

Voilà une vidéo qui expose parfaitement (parce qu’avec transparence et humour) le problème de droits rencontré sur le web. Et la nécessité, en réponse, d’épouser la logique de décentralisation du web. On ne contrôle pas le web ; autant donc mettre à disposition des contenus gratuits, reproductibles par les éditeurs de sites (médias et blogs peuvent les reprendre) et les internautes (on les poste sur les réseaux sociaux) puisque dispo sur YouTube. Autant décentraliser ses contenus et épouser la logique de la longue traîne médiatique.

C’est donc une logique d’échantillonnage (« regarde mon contenu comme il est bien »), qui permet de démultiplier la visibilité (justement parce que les vidéos sont visibles pas seulement sur Youtube mais essaimées sur le web). Et de reprendre contrôle sur les vidéos pirates (choix + qualité proposée sur la chaîne officielle) pour parier sur l’affiliation comme modèle économique (« Tu as aimé mes contenus ? Tu peux en avoir plus en payant »).

Cette logique ne finit-elle pas par s’imposer à tous les éditeurs de contenus vidéo, sans même aller jusqu’à l’affiliation, au moins dans une finalité d’image ?

Edit : lire le billet de Laurent Suply à ce sujet.

Vidéo de la semaine : whodunnit?

Interdit de lire ce qui suit avant d’avoir d’abord regardé la vidéo :

Ca vous rappellera certainement ceci

C’est donc un nouveau coup des Transports For London, 8 mois après, dans le cadre de leur campagne de prévention pour les cyclistes. Ce qui fait d’ailleurs partie des données de départ pour beaucoup d’internautes qui voient la vidéo, puisqu’elle est sur le site officiel de cette campagne et postée sur YouTube par l’utilisateur « dothetest ».

Ce qui me semble bien fonctionner d’un point de vue stratégique : dans la première campagne, l’internaute est totalement pris au dépourvu puisqu’il est lancé sur une fausse piste (le nombre de passes) ; dans la deuxième, il sait qu’il faut s’attendre à quelque chose et est attentif mais est quand même mis face à l’évidence : « it’s easy to miss something you’re not looking for ».

Cette deuxième campagne, de par le fait qu’elle est une « sequel » et de par l’utilisation du langage (la première, muette, est plus universelle), a un moindre potentiel de buzz que le Moonwalking Bear (vu 5 millions de fois dans sa principale version YouTube). Mais après tout elle n’est pas censée visée autre chose que des gens qui conduisent dans Londres et devrait je pense très bien fonctionner.

Et rappelle le principe de « la vidéo qui buzze » : il faut avoir une idée créative qui tue. Plus facile à dire qu’à faire.

Via Gaduman qui le tenait lui-même d’Olivier Mermet.

PS : si on met en parallèle les campagnes des Transports For London et ceci (disclosure : réalisation de l’agence), on notera aussi, en matière de prévention routière, une tendance à l’utilisation de la preuve par l’image sans quasiment aucun discours.

Plus belle la vie, un révélateur du désintérêt des Français pour l’info

plus-belle-la-vieDurant cette élection américaine, les journalistes ne voulaient pas seulement nous informer. Ils ont cherché à nous faire vivre la campagne. On comprend bien l’enjeu : arriver à impliquer son public plus que d’accoutumée assure de meilleures audiences. Mais auraient-ils fait fausse route ?

En effet, si l’on délaisse les sondages prétextes commandés par les rédactions, l’indice de l’intérêt des Français pour cette élection est lui aussi tombé mercredi matin avec les résultats d’audience du mardi soir.

Vers 20h00, alors que la tension médiatique est à son comble, Plus belle la vie bat son record d’audience. Au moment même où les JT cherchaient à faire événement sans lésiner sur les moyens et les équipes déplacées, la série B aux décors de carton-pâte de la chaîne régionale a fait le plein comme l’a révélé Renaud Revel dans ce billet.

Un désamour pour l’info du soir qui s’inscrit dans un temps long désormais et dont le dernier épisode était le départ de PPDA. Mais force est de constater que l’événementialisation de la campagne américaine a atteint ses limites et n’a pas fait remonter la courbe d’audience (ce que l’on attend normalement d’un événément). Le grand public n’a pas suivi.

En cette période de pseudo Etats Généraux de la presse il n’est pas sûr que ce nouveau concert médiatique ait arrangé le rapport des Français à leurs informaticiens informateurs.

Une chose est sûre, TF1 est très inquiète de la croissance tranquille mais toujours aussi positive de Plus Belle la vie. Ce qui fait dire à Bruno Revel, la phrase suivante qui fleure bon le corporatisme journalistique bon enfant :

Les dirigeants de France Télévisions peuvent-ils indéfiniment laisser à 20h18, chaque soir, un programme qui détourne l’attention des français, à l’heure de « JT » peut être anxiogènes ? Ou faut-il, au contraire laisser jouer la concurrence et considérer que c’est moins la série de France 3 qui fait un carton, que les journaux des grandes chaînes généralistes qui désespèrent des téléspectateurs taraudés par la crise ?

En tous les cas, ce débat risque d’enfler dans les semaines qui viennent. Et que dira t-on le jour où ce programme s’installera solidement en tête de l’audience de la télévision, chaque soir à l’heure des  rendez vous d’infos?  Ce qui risque de se produire, tôt ou tard..

C’est vrai quand même, ces Français plébéiens ne sont pas sérieux…

PS : au fait, il se murmure sur la blogosphère que Thomas (le-fils-homo-de-Roland-le-tenancier-du-mistral) quitterait la série pour un temps. Trop dur…

Mise à jour (vendredi 7 nov. 2008) : les très bons scores du JT de TF1 jeudi soir, vont dans le sens de mon analyse, celle du désintérêt des Français pour l’événementialisation de la campagne américaine par les journalistes français.

Voilà comment on fait un billet vite fait sur Obama.

De : Francois Guillot
Date : Wed, 05 Nov 2008 17:38:32 +0100
À : Emmanuel Bruant
Conversation : Il est de notre responsabilité…
Objet : Il est de notre responsabilité…

… De nous faire une opinion sur ça :

http://billaut.typepad.com/jm/2008/11/le-monde-va-se.html

http://www.liberation.fr/monde/0101166612-obama-gagne-la-bataille-du-net

http://pinklemonblog.blogspot.com/2008/09/obama-20-strategy.html

http://elections-us08.20minutes-blogs.fr/archive/2008/11/04/2-0-pour-obama.html

Le 5/11/08 18:11, « Emmanuel Bruant » a écrit :
Mon avis (outre que tout ce buzz, cette hystérie est la preuve de « l’impérialisme américain » (version cool, soft, trendy on est tous pour Obama, un mec qu’en venu 3 heures en France de toute sa vie, un peu comme César avec Lutèce) et de l’ethnocentrisme des parisiens bobo qui s’excitent sur un truc à des milliers de km sur lequel ils n’ont aucune prise alors qu’il y a des choses un tout petit peu plus importantes en France… Mais bon)

Ce que je retiens de tout cela, effectivement c’est l’événement Internet. Mais peut-on tirer des enseignements pour nous (comme le fait Billaut), pour des marques, des entreprises etc. alors que la situation dans laquelle le web a été utilisé est exceptionnelle, puisque c’est un événement (une élection est un événement comme la coupe du monde etc.) Donc peut-on tirer des enseignements sérieux d’un événement exceptionnel ? Oui, le 2.0 a eu un rôle mais combien de personnes sont derrières, quelle est cette machine électorale. Aucune marque, aucune entreprise ne peut faire aussi bien tout simplement parce qu’il n’a pas les moyens, pas l’aspiration, pas la légitimité etc. Forcément, le 2.0 a un effet démesuré qu’on ne trouvera sûrement pas ailleurs ! D’autant plus que nous voyons cela avec nos yeux de Français sans prendre en compte le gigantisme des Etats-Unis… C’est le principe d’un événement : il y a effervescence et puis cela retombe…
A suivre

Le 5/11/08 18:32, « Francois Guillot » a écrit :
Ca c’est ton côté « je veux être différent », tu peux pas mettre au-dessus de toi 1. Que c’est l’Histoire en direct et 2. Que Obama fasse autant l’unanimité en France (alors que c’est juste normal, il n’y a rien qui peut être aussi populaire en France qu’un démocrate américain, les démocrates américains t’es pour eux que tu sois de gauche ou de droite, c’est le bon côté de l’Amérique, en plus après huit ans de haine contre Bush et avec un mec charismatique, jeune et black qui fout en l’air tous les codes, t’as pas besoin de savoir ce qu’il raconte c’est la folie, mais toi tu peux pas l’admettre).
Sinon sur la question Obama + web chuis assez d’accord et c’est justement ça qu’on peut dire sur le blog. En résumé :
•    le délire 2.0 autour d’Obama : oui mais cela fonctionne parce que Obama est fondamentalement ASPIRATIONNEL. Il suffit pas d’utiliser les tuyaux
•    ça reste exceptionnel, tout le monde va dire que c’est la reconnaissance de l’efficacité du web etc., alors que personne ne peut l’utiliser aussi bien que lui

Le 5/11/08 18:40, « Emmanuel Bruant » a écrit :
http://pisani.blog.lemonde.fr/2008/11/03/les-recettes-d%E2%80%99obama/
Des liens très intéressants et moins emphatiques k les autres

Le 5/11/08 18:54, « Emmanuel Bruant » a écrit :
Tu écris là-dessus ?
Je vais m’en aller
Emmanuel

Le 5/11/08 19:20, « Francois Guillot » a écrit :
S’il faut lire Transnets d’abord ça va me filer mal au crâne surtout que j’ai pas bp dormi la nuit dernière. On verra. Tu vas pas voir le foot ?

Promotion et matraquage médiatique : le bide de la rentrée ?

bhlMarianne 2 vient de nous le révéler, chiffres Edistat à l’appui. Le bouquin L’échange épistolaire de BHL et Houellebecq risque d’être un bide industriel. Evidemment, ce n’est pas un bide classique puisque l’ouvrage s’est vendu à un peu moins de 30 000 exemplaires (plus précisément 27 950 en 4 semaines) : il explose donc la majorité des sorties éditoriales classiques et de loin, ce qu’il ne faut pas oublier tout de même.
Mais il faut prendre la mesure de l’exception : le premier tirage a été de 100 000 exemplaires ! Il reste donc pour l’instant plus de 70 000 livre sur les bras des éditeurs et la dernière semaine les ventes ont baissé de plus de 40%.

Si on peut reprocher aux médias des effets de cadrages et d’agenda, on voit encore une fois qu’il n’y a pas d’effet mécanique entre l’exposition médiatique d’un sujet (ici injonction à lire un livre) et ce que font réellement les gens (ici acheter effectivement ce livre). L’effet de prescription des journalistes et autres présentateurs-promoteurs (le livre est paraît-il « bon ») est loin d’avoir jouer à plein (euphémisme). Le cas Houellebecq-BHL est un bon exemple de saturation médiatique : les deux auteurs, seuls ou séparément ont été très très présents devant les micros et sur les plateaux… jusqu’à susciter l’overdose (on pourrait faire un constat équivalent avec Christine Angot). On pourrait dire la même chose à propos des élections américaines et d’Obama mais par chance pour les journalistes on ne vote pas 😉 Preuve que les médias ne font pas toujours l’opinion…