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Les sites de marques et les sites corporate vont-ils mourir ?

Je vais très largement pomper l’idée de ce post de Leo Burnett : « Your brand site will die », mais je trouve la démonstration imparable : utiliser Google Trends pour regarder l’évolution du trafic de sites de marques et d’entreprises vs. l’évolution du trafic de sites « sociaux ».

Et puisque Leo Burnett a largement fait le job avec les courbes d’audience des sites de marques, on va regarder ici d’un peu plus près les sites corporate.

En commençant par le Cac 40, et en ne retenant que les courbes « complètes » (il arrive que Google Trend ne trouve pas de données significatives ou présente des courbes incomplètes), soit 17 sociétés du Cac 40 au total :

1. Total

2. Francetelecom

3. Axa

4. BNP Paribas

5. Société Générale

6. Carrefour

7. Air liquide

8. EDF

9. Arcelor mittal

10. Credit agricole

11. Accor

12. Michelin

13. cap Gemini

14. Alcatel-Lucent

15. renault

16. St microelectronics

17. peugeot

Et maintenant, même exercice, mais en partant du top 10 des marques les plus puissantes au monde d’après le classement de nos amis de Millward Brown :

18. microsoft

19. Coca-Cola

20. IBM

21. Mcdonald's

22. Apple

23. China Mobile

24. GE

25. Vodafone

Je crois que c’est globalement clair et que ça se passe de commentaires… d’autant plus que pendant la période étudiée (un peu plus de deux ans), la population connectée ne cesse de s’accroître !

Mais je n’irai pas comme Leo Burnett jusqu’à dire « votre site de marque va mourir » : le site de marque ou corporate est une composante à peu près indispensable d’une stratégie web, dont la première fonction est de répondre aux questions que se posent les internautes sur la marque ou l’entreprise, via les moteurs de recherche.

D’ailleurs les études de confiance ne sont pas catastrophiques pour les sites de marque (voir cette étude de TNS Media Intelligence par exemple).

Le problème est plutôt que pendant fort longtemps, « être présent sur Internet », pour une marque ou une entreprise, se limitait à avoir son site. C’est à dire à faire abstraction de son environnement et de tout ce qui peut se dire ou se faire autour de la marque ou de l’entreprise…

On peut schématiser en disant qu’il y a deux grandes stratégies possibles sur Internet : la centralisation (faire venir les publics à soi, sur son site) et la décentralisation (aller à la rencontre des publics, là où ils sont, sur les médias en ligne, dans les communautés, les médias sociaux, les blogs, etc.). Il est rare qu’il faille choisir entre les deux, mais il est clair que la culture des marques et des entreprises porte sur la centralisation plutôt que sur la décentralisation. On maîtrise son site. on ne maîtrise pas ses publics.

Attention, pour autant, cela ne signifie pas que toutes les courbes d’audience de tous les sites média ou sociaux soient « up » : WordPress est en recul depuis un an, FlickR idem, Typepad depuis 1,5 an, Wikipédia recule également légèrement depuis 1,5 an, MySpace…, DailyMotion est down… YouTube est probablement « up » mais Google Trends ne communique pas son trafic…

Comme Leo Burnett on pourrait montrer les courbes de Facebook, LinkedIn et Twitter qui sont éloquentes et en pleine croissance, mais ils serait exagéré de dire que tous les sites sociaux croissent. Ce qui se passe plus probablement je crois, c’est l’éclatement des audiences qui rend difficile la progression du trafic. (On le voit aussi sur le trafic des sites médias, avec beaucoup de courbes en recul).

Pour autant, la conclusion est la même : le site de la marque ou de l’entreprise ne suffit pas et suffira de moins en moins. Aller à la rencontre des publics là où ils sont, investir les médias et les médias sociaux, cela peut faire peur. Mais quand on regarde ces courbes de tendance, on se dit qu’il n’y a plus vraiment de choix…

Effets Twitter sur le trafic des sites

Intéressants échanges (on ne peut pas dire « discussions ») sur Twitter depuis quelques jours, où la question de l’impact de Twitter dans le trafic de sites a été posée. Plusieurs éditeurs de sites ont eu la transparence de répondre et à défaut d’être capables d’en tirer des conclusions définitives, voici au moins une compilation de ce que j’ai vu passer à ce sujet :

Pour OverBlog : Twitter = 0,06% du trafic (source Frédéric Montagnon, sur FriendFeed, je ne sais pas faire de lien…) sur 10 millions de visites en l’espace de 5 jours

Pour Owni : Twitter = 6,7% du trafic (source : Nicolas Voisin)

Pour Rue89 : Twitter = 0,5% du trafic (source : Pierre Haski), en augmentation de +35% depuis 2 mois

Pour lexpress.fr : Twitter = 2% du trafic (source : Eric Mettout), boosté par les comptes de Christophe Barbier et Géraldine Dormoy. Edit du 26/9 : pour lexpress.fr, Twitter représente 4% des 7% de trafic en provenance des referrers, comme le montre le billet publié par Eric Mettout sur son blog avant l’ensemble des sources de trafic du site (une mine !). Soit 0,3% du trafic, on est donc plus proche de ce qu’annonce Rue89.

Pour Cnet : Twitter = illisible en raison des redirections d’URL (source : Emmanuel Parody). Edit du 26/9 : erratum, les Tinyurl n’empêchent pas la lecture des stats. Emmanuel avait qualifié ce trafic Twitter « d’insignifiant ».

Pour Ceza.me : Twitter = environ 20% (source : Erick Hostachy)

Pour LePost : « chez nous, c’est surtout Facebook qui monte » (source : Benoît Raphaël)

Et enfin après un moment d’affolement total suite à une mauvaise interprétation initiale qui a fait que certains ont cru que 10% du trafic du New York Times proviendrait de Twitter, Emmanuel Parody estime ce trafic à « 1 à 2% maxi« .

Très difficile de tirer des conclusions, je trouve. Qu’en pensez-vous ?

Bon et bien sûr, on aimerait avoir une vision plus globale notamment avec le trafic Facebook (au lieu de systématiquement bloquer sur Twitter) et Google, mais on fait avec les moyens du bord 😉

De mon côté, petite expérience d’observation sur l’effet Twitter dans les 24 heures qui ont suivi la publication du billet sur la communication de crise. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : en 24 heures,

– le billet a été linké 23 fois sur Twitter

– la somme des followers des 23 fait un total de 91 000 + contacts potentiels (dont 77 000 liés au seul @jeanlucr)

– sur ces 24 heures, le billet a été vu 229 fois (400+ au total), soit environ 10 par tweet en moyenne

Edifiant non ? Et encore, Twitter n’était pas le seul referer… ce qui s’explique à mon avis de la façon suivante :

– l’abondance d’info : un lien est trop facilement noyé dans le flux d’information

– le facteur hasard : ici en l’occurrence, Jean-Luc Raymond tweete le lien à 7h du matin. Pas le meilleur moment pour favoriser les clics (tiens, voir cette étude sur les facteurs de propagation sur Twitter : on a plus de chances d’être retweeté le vendredi à 16h)

– la circulation circulaire : sur Twitter, l’information tourne en boucle dans les mêmes communautés, auprès des mêmes publics, des mêmes individus

– les comptes fake et spam : si on regarde la liste d’abonnés de Jean-Luc Raymond, on voit énormément, énormément de comptes spam. Thierry Crouzet est en train d’expérimenter le truc semble-t-il, à suivre. Attention je ne dis pas que le compte de Jean-Luc Raymond est bidon, j’ai constaté plusieurs fois les effets de trafic qu’il peut apporter lorsqu’il a linké Internet et Opinion(s), mais cela se compte au maximum en quelques centaines de clics, pas en millers ou en dizaines de milliers. [Edit : voir l’analyse de PetitesPhrases : « quel est le prix d’un tweet de Jean-Luc Raymond ? »]

Merci à Nicolas Gosset qui a activement contribué à faire remonter ces chiffres.

La pyramide de consommation des médias en ligne

Voici une présentation que nous avons réalisée il y a quelques mois et dont l’objectif est de modéliser « la pyramide de consommation des médias en ligne ». Elle est un peu cheap sur la forme, mais c’est le fond qui compte, n’est-ce pas ;-).

L’idée principale est de montrer que le participatif n’est pas un phénomène automatique mais au contraire le résultat d’un ensemble d’étapes que le média doit franchir : on n’obtient pas des effets participatifs juste en claquant des doigts. On y introduit aussi la distinction entre l’audience et le public (en ligne, un média a intérêt à avoir comme objectif de transformer son audience en public) et l’idée que les médias en ligne (qu’ils soient éditeurs, blogs, réseaux sociaux, marques-médias etc.) doivent entrer dans une logique de cercle vertueux.

J’espère que la présentation est assez claire ainsi… A vos commentaires.