Vidéos de la semaine : Hitler, Hitler, Hitler, Hitler, Hitler et Hitler

Vous êtes forcément tombé un jour ou l’autre sur une vidéo parodique mettant en scène une colère d’Hitler dans La Chute d’Olivier Hirschbiegel, (excellent) film sorti en 2004 qui raconte les derniers jours du dictateur avec Bruno Ganz (impressionnant) dans le rôle principal.

Dans la séquence originale, qui se situe à 1/3 du film, Hitler apprend que le général Steiner a refusé de mener une contre-offensive contre l’armée rouge, pique une colère contre la nullité de ses généraux, s’estime trahi, déclare la guerre perdue et conclut en disant qu’il préfère se tirer une balle dans la tête que d’abandonner Berlin. Séquence historique connue si j’en crois la biographie de Felix Steiner.

Un exemple de parodie où Hitler apprend qu’il n’aura pas son iPhone 3GS :

[Youtube id=http://www.youtube.com/watch?v=eqEpXj9Ot3A]

La nouveauté n’est évidemment pas l’idée de détourner une vidéo (la télévision fait ça depuis longtemps, le web le fait dans tous les sens, je ne parle même pas de Mozinor). Mais ce qui est assez marrant ici, c’est la multiplication récente des reprises de cette séquence de la Chute.

Il y a plusieurs mois, on trouvait déjà pas mal de parodies, comme celle de Left 4 Dead 2 :

[Youtube id=http://www.youtube.com/watch?v=GQe4tlsfRbY]

Il y avait aussi eu Hitler qui apprend la mort de Michael Jackson :

[Youtube id=http://www.youtube.com/watch?v=ELyTBXzfQJ8]

Et plus récemment et quasi coup sur coup, Hitler qui apprend le split d’Oasis :


Hitler / Hortefeux :


Et donc cette semaine, Hitler / Désirs d’avenir :

Et je passe sur certaines versions de la désormais légendaire scène de l’offensive Steiner.

Chacune de ces vidéos ayant apparu lors d’un buzz conséquent. Cette séquence hitlerienne est donc en quelque sorte devenue un « standard du buzz » et la question mérite d’être posée : faut-il avoir sa parodie d’Hitler pour avoir réussi son buzz ? 😉 On remarquera aussi le côté assez geek de l’humour et la réactivité de mise en ligne (celle de Michael jackson est datée du lendemain de sa mort).

Si la séquence d’Hitler est le parfait objet à détourner en soi (le dictateur fou + une séquence en allemand, donc on ne comprend pas un traître mot, + une scène qui semble avoir été scénarisée pour les détournements avec ses temps faibles et ses temps forts), je vois bien cette forme de parodie se développer systématiquement : le cinéma et la fiction regorgent de joyaux qui ne demandent qu’à se faire sous-titrer. D’autres séquences de la Chute feraient de très bonnes parodies, d’ailleurs.

Cadeau, le détournement de Pulp Fiction par les Cahiers du Foot, à l’occasion de la remise du ballon de Plomb à l’attaquant Fred Piquionne. Humour de footeux (et donc geek) garanti.

[Youtube id=http://www.youtube.com/watch?v=QtXl95iRdGw]

20 réponses à “Vidéos de la semaine : Hitler, Hitler, Hitler, Hitler, Hitler et Hitler

  1. Belle collection !
    Un petit cadeau pour la compléter : le chien d’Hitler est mort, mais il ne pourra pas le twitter… parce que Robert Scoble a provoqué une fail whale.

    Cette mémétique est assez impressionnante, il me semble que ce qui change, c’est que désormais les gens détectent le bon filon plus vite. Une superbe séquence avec des tripes, une carte, des gens qui sont terrorisés, une crise de nerfs : on peut transposer sur ce que l’on veut. Avec ceci d’assez méchant : il est considéré que personne ne parle le germanique, cette langue barbare à qui l’on peut faire tout dire puisqu’elle ne ressemble décidément à rien.

    Faisons l’essai de mettre des sous-titres à la vidéo d’Hortefeux ou autre chose que l’on entend dans une langue tout à fait compréhensible, la sauce ne prendra pas aussi bien. Voilà qui est une mauvaise nouvelle pour la langue allemande. Il serait intéressant de savoir si en Autriche et en Allemagne la Chute fait autant rire et fait autant l’objet de parodies.

    • François Guillot

      Merci pour le lien, je n’avais pas vu celle-là et ce n’est pas la moins drôle… elle confirme d’ailleurs le côté geek de ces vidéos.

      Grâce à toi je viens aussi (enfin) de comprendre le sens du mot mémétique. Il n’est jamais trop tard ;-). Effectivement la séquence, quand on l’analyse rétrospectivement, est taillée sur mesure pour la parodie. Tout y fonctionne à la perfection.

      Je vois enfin que le germanophile s’inquiète… à juste titre je pense. Ne parlant pas un mot d’allemand je te confirme que cette séquence fonctionne totalement sur moi : je ne comprends rien du tout à ce que dit Hitler et suis donc obligé de suivre avec les sous-titres. A l’inverse, celle de Pulp Fiction que j’aime pourtant beaucoup fonctionne moins bien : je comprends ce que disent les personnages et cela distrait ma lecture des sous-titres…

      Conclusion pour faire une belle parodie il faut une belle séquence, une langue inconnue (pardon pour l’allemand !), et bien sûr des idées. La présence d’un personnage historique est un plus indéniable qui promet à La Chute d’autres parodies… jusqu’à ce que lassitude s’ensuive.

  2. Il est clair que c’est devenu un grand classique. Ca risque quand même de lasser au bout d’un moment.

    En tout cas tu risque d’avoir un référencement de folie sur le terme « hitler ». Je sais pas si c’est une bonne chose 🙂

    • François Guillot

      Oui ça va lasser. Très bientôt même je pense, à mon avis on est au pic d’avant-lassitude…

      Pour le référencement sur Hitler, je suis curieux de voir le résultat, mais deux choses me font penser que je devrais échapper au pire :

      – il y a beaucoup de contenu donc de concurrence sur Hitler
      – le fait de l’avoir utilisé 6 fois peut me faire blacklister par Google

      A voir !

  3. quelques réflexions à votre post :

    Effectivement, la question est bien celle-là : l' »hitlérisation » est-elle la mesure d’un buzz réussi ?…

    A vrai dire, quand on parle allemand, ces détournements tombent un peu à plat. On a donc ici, manifestement, quelque chose qui touche plus à l’image de l’allemand qu’à celle de Hitler : la fin d’une certaine germanophilie de l’élite française peut-être… (je ne suis pas sûr que cela marche pareillement avec Staline : dictateur sanglant parlant russe). Les « dominés » se vengent ! En effet, avant, quand on était bon à l’école, on faisait allemand, maintenant ce n’est plus le cas… A moins que… ces détournements signent la démocratisation totale du web : les bons élèves parlent toujours allemand mais c’est monsieur-tout-le-monde qui détourne des vidéos dont il ne comprend pas un traître mot.

  4. François Guillot

    Ce point sur la pratique de l’allemand ne m’étonne pas trop (cf. ma réponse à Enikao, sur la vidéo de Pulp Fiction en anglais, je rigole bien mais suis gêné par le fait de comprendre ce que disent les acteurs).

    Ce qui veut dire que la vidéo fonctionne sur un public qui ne comprend pas l’allemand. Je n’ai aucune idée du % de la population française qui comprend l’allemand et de la façon dont ça évolue, c’est certainement faible mais ce serait intéressant de le savoir. J’imagine que même une vidéo en anglais doit fonctionner correctement auprès de la majorité des internautes qui ne comprendront pas les dialogues, donc en allemand…

  5. Je parle allemand, la séquence me fait rigoler parce qu’à partir du moment où on lit les sous-titres on n’écoute plus. Les sous-titrages marchent parfois aussi avec le français.

    D’ailleurs les sous-titrages de séquences en anglais marchent bien aussi.

    La seule chose qui est nécessaire, c’est une population qui a l’habitude de lire les sous-titres.

  6. Il me semble que ça avait commencé avec Sony : http://www.koreus.com/video/la-chute-de-sony.html

    • François Guillot

      Intéressant car effectivement cette vidéo est datée d’il y a deux ans ce qui la rend plus ancienne que les vidéos US que j’ai importées dans ce billet. L’idée serait donc partie de France ?? Intéressant aussi, je trouve cette version Sony moins drôle et moins bien faite que les vidéos suivantes… le beuze s’améliore au fur et à mesure… (jusqu’à ce que le truc soit tellement connu que tout le monde s’y met et la qualité retombe)

  7. arf… mon nouveau blog, avec sa nouvelle url (si tu vois où je veux en venir) n’a pas eu l’honneur de ce détournement de film.
    Zebaker.com n’est donc pas un buzz. Et pourtant, il fut un temps où ce fut un buzzzzz…

    Hein ? Quoi ?
    ça faisait longtemps que je n’étais venu commenter. Il fallait bien une intervention à la hauteur de celles passées ! non ?

  8. en même temps, je suis couillon, je laisse l’ancienne url dans le formulaire du commentaire !
    scheize !

    • François Guillot

      Rhô mais fallait pas faire le timide comme ça, ça mérite bien un tweet, je le fais de ce pas !

  9. Je pense que c’est une manière détournée de faire référence à la théorie des points Godwin, cette fameuse private joke née sur usenet…

    Tu dois en connaitre l’histoire…

  10. Et un p’tit dernier qui vient de tomber tout chaud, by Maître Eolas en personne à propos de l’affaire Zataz : http://www.youtube.com/watch?v=uIwKzpNSRW0.

  11. la question se pose surtout dans l’introduction du « mème » en amont, dès le scénario (ou le plan comm…).

    HenryMichel sur BienBienBien fait un joli billet sur le cas #délirdavenir, à ce propos.

    Mais ton billet incite à se poser une autre question : celle du retentissement considérable pour l’oeuvre initiale, elle-même. Cela la grave, l’inscrit ad-vitam eternam, dans l’Histoire. Le « h » est majuscule, oui.

    Aussi la question : va-t-on introduire des séquences conçues pour être virales et/car remixées* dans les films pour assurer leur inscription dans l’histoire et assurer un buzz, qui plus est à rebond, ne se pose même plus. La réponse est oui.

    Il faudra y revenir longuement…

    L’autre question touche à la communication, notamment online, entre autres des politiques et en particulier sur les médias sociaux : va-t-on vers un nivellement par le #LOL des campagnes et stratégies de communication sur le web ?

    Car le mème, le remix, la buzz n’aiment pas moins Godwin que Gandhi /-)

  12. oups, oublié le * = la nuance entre « virale et remixées » ou « virale car remixées » n’est pas anodine. La deuxième hypothèse confirme la vision de Lawrence Lessig d’une nécessaire plateforme légale pour l’écologie et l’économie de la « culture remix » ou plus simplement de l’ère du partage. Aka Creatives Commons /-)

  13. Ne me dis pas que tu as loupé cette version sur Hilter briefant des agences de com’ ! http://bit.ly/4gYa5H

  14. En ce qui concerne la toute dernière phrase, euh… La définition du geek est sujette à de nombreuses interprétations et évolutions (même si en général, en mettant dans la même phrase les mots « passionné », « internet », « science-fiction », « heroic fantasy », « comics, « technologies », « difficultés relationnelles », « jeux vidéos » on a toutes les chances de retomber sur nos pieds), mais s’il y a bien une chose de je suis sûr et certain, c’est qu’être footeux ou fan de foot N’EST ABSOLUMENT PAS la définition du geek…

  15. Pingback: Arrachage de perruque, Course en talons, La tigresse de Lossangeless is back, Bienvenue chez les bi, etc.: les vidéos de la communauté « Yagg - Le nouveau média gay et lesbien. Info gay et lesbienne, bi et trans, vidéos, débats, dossiers, vih,

  16. Pingback: owni.fr, digital journalism » Article » (R)évolution de la langue grâce au clavier: l’hybridation des codes