Archives d’Auteur: François Guillot et Emmanuel Bruant

Voilà comment on fait un billet vite fait sur Marc L (ou le retour du gonzoblogging sur i&o)

De: Francois Guillot
Date: jeu. 15/01/2009 20:32
À: [adresse groupée]
Objet : Marc L

Vous avez peut-être entendu parler de l’affaire : le magazine Le Tigre a
publié un article sur la vie d’un anonyme, entièrement écrit à partir
d’informations trouvées sur Internet. Le but : interpeller sur la notion de
« réputation numérique »…

De : Emmanuel Bruant
À : Francois Guillot
Envoyé : Thu Jan 15 23:08:40 2009
Objet : RE : Marc L

c’est très bon effectivement. j’adore ce mag qui me fait rire, sourire et que je savoure (comme XXI dans un tout autre style mais que je savoure autant)… Tu le lis ?

De: Francois Guillot
Date: jeu. 15/01/2009 23:16
À: Emmanuel Bruant
Objet : Re: RE : Marc L

Non pour moi Le Tigre c’est un groupe de musique.

Tu veux faire un post la-dessus ? C’est tres bruantien comme sujet je trouve.

Ceci dit, l’article nous apprend quoi, vraiment ?

De : Emmanuel Bruant
À : Francois Guillot
Envoyé : Thu Jan 15 23:19:48 2009
Objet : RE : RE : Marc L

Bah rien, strictement. c’est pour ça que je t’en avais pas parlé quand il est sorti dans le journal papier le mois dernier 😉 C’est juste sympa à lire, c’est pas mal écrit… C’est un bon exercice littéraire

De: Francois Guillot
Date: jeu. 15/01/2009 23:25
À: Emmanuel Bruant
Objet : Re: RE : RE : Marc L

I agree
Moi ca m’interpelle sur le fait d’appliquer une methode que tu cherches a denoncer : mettre un mec a poil pour interpeller sur les risques de l’exhibitionnisme.
Cynique et voyeur ? Exemplaire et efficace ?

De : Emmanuel Bruant
À : Francois Guillot
Envoyé : Thu Jan 15 23:26:54 2009
Objet : RE : RE : Marc L

Euh… C’est un faux nom dans mon souvenir

De: Francois Guillot
Date: jeu. 15/01/2009 23:27
À: Emmanuel Bruant
Objet : Re: RE : RE : Marc L

Oui mais donc les mecs ne vont pas au bout de leur logique…

Voilà comment on fait un billet vite fait sur Obama.

De : Francois Guillot
Date : Wed, 05 Nov 2008 17:38:32 +0100
À : Emmanuel Bruant
Conversation : Il est de notre responsabilité…
Objet : Il est de notre responsabilité…

… De nous faire une opinion sur ça :

http://billaut.typepad.com/jm/2008/11/le-monde-va-se.html

http://www.liberation.fr/monde/0101166612-obama-gagne-la-bataille-du-net

http://pinklemonblog.blogspot.com/2008/09/obama-20-strategy.html

http://elections-us08.20minutes-blogs.fr/archive/2008/11/04/2-0-pour-obama.html

Le 5/11/08 18:11, « Emmanuel Bruant » a écrit :
Mon avis (outre que tout ce buzz, cette hystérie est la preuve de « l’impérialisme américain » (version cool, soft, trendy on est tous pour Obama, un mec qu’en venu 3 heures en France de toute sa vie, un peu comme César avec Lutèce) et de l’ethnocentrisme des parisiens bobo qui s’excitent sur un truc à des milliers de km sur lequel ils n’ont aucune prise alors qu’il y a des choses un tout petit peu plus importantes en France… Mais bon)

Ce que je retiens de tout cela, effectivement c’est l’événement Internet. Mais peut-on tirer des enseignements pour nous (comme le fait Billaut), pour des marques, des entreprises etc. alors que la situation dans laquelle le web a été utilisé est exceptionnelle, puisque c’est un événement (une élection est un événement comme la coupe du monde etc.) Donc peut-on tirer des enseignements sérieux d’un événement exceptionnel ? Oui, le 2.0 a eu un rôle mais combien de personnes sont derrières, quelle est cette machine électorale. Aucune marque, aucune entreprise ne peut faire aussi bien tout simplement parce qu’il n’a pas les moyens, pas l’aspiration, pas la légitimité etc. Forcément, le 2.0 a un effet démesuré qu’on ne trouvera sûrement pas ailleurs ! D’autant plus que nous voyons cela avec nos yeux de Français sans prendre en compte le gigantisme des Etats-Unis… C’est le principe d’un événement : il y a effervescence et puis cela retombe…
A suivre

Le 5/11/08 18:32, « Francois Guillot » a écrit :
Ca c’est ton côté « je veux être différent », tu peux pas mettre au-dessus de toi 1. Que c’est l’Histoire en direct et 2. Que Obama fasse autant l’unanimité en France (alors que c’est juste normal, il n’y a rien qui peut être aussi populaire en France qu’un démocrate américain, les démocrates américains t’es pour eux que tu sois de gauche ou de droite, c’est le bon côté de l’Amérique, en plus après huit ans de haine contre Bush et avec un mec charismatique, jeune et black qui fout en l’air tous les codes, t’as pas besoin de savoir ce qu’il raconte c’est la folie, mais toi tu peux pas l’admettre).
Sinon sur la question Obama + web chuis assez d’accord et c’est justement ça qu’on peut dire sur le blog. En résumé :
•    le délire 2.0 autour d’Obama : oui mais cela fonctionne parce que Obama est fondamentalement ASPIRATIONNEL. Il suffit pas d’utiliser les tuyaux
•    ça reste exceptionnel, tout le monde va dire que c’est la reconnaissance de l’efficacité du web etc., alors que personne ne peut l’utiliser aussi bien que lui

Le 5/11/08 18:40, « Emmanuel Bruant » a écrit :
http://pisani.blog.lemonde.fr/2008/11/03/les-recettes-d%E2%80%99obama/
Des liens très intéressants et moins emphatiques k les autres

Le 5/11/08 18:54, « Emmanuel Bruant » a écrit :
Tu écris là-dessus ?
Je vais m’en aller
Emmanuel

Le 5/11/08 19:20, « Francois Guillot » a écrit :
S’il faut lire Transnets d’abord ça va me filer mal au crâne surtout que j’ai pas bp dormi la nuit dernière. On verra. Tu vas pas voir le foot ?

Blog day +1

Nous n’avons pas pu sacrifier à la tradition du blog day hier… faute de connexion. Qu’à cela ne tienne, voici les 5 blogs que nous voulons encourager à cette occasion :

Dans la catégorie médias :

– « Après la Télé » d’Aurélien Viers

– Le blog Nouvelle formule de l’Express, d’Eric Mettout

– On est mal de Pierre France

Dans la catégorie communication : le Blok Not d’Enikao

Dans la catégorie Sciences sociales : Une heure de peine, de Denis Colombi

N’hésitez pas à faire part de vos découvertes en commentaires : la vocation du blog day est de découvrir et d’encourager !

(les curieux trouveront un décryptage du Blog Day chez Sylvain Drapeau)

Contribution au débat de CNN.com sur l’image et l’influence de la France

Comme annoncé dans le post précédent, nous avons été sollicités par CNN.com dans le cadre de sa semaine consacrée à la France. Le jeu consiste à participer au débat sur l’image de la France en répondant à plusieurs questions, qui comme vous allez le voir sont aussi vastes qu’elles sont simples.

(Miracle de la question journalistique : plus elle est simple ou évidente, plus la réponse est difficile et complexe).

Nous nous prêtons donc au jeu avec plaisir mais dans la mesure de nos compétences… Ce qui nous amène à répondre à deux des cinq questions.

Question 1. Pensez-vous que la France ait changé d’image ? Comment définiriez-vous ce nouveau visage ? S’agit-il pour vous d’un concept médiatique ou d’une réalité ?

Pour apporter une réponse à cette question, nous nous basons sur un petit test sur l’image de la France que nous avons réalisé à partir de Yahoo ! Questions : nous avons demandé sur Yahoo.fr puis sur Yahoo.com ce qui passe par la tête des gens quand on leur dit « La France ».

Ce test n’a bien sûr aucun caractère représentatif, mais on voit que les quelques réponses obtenues sur yahoo.com touchent à la culture et aux modes de vie : les coupes de cheveux des femmes, la Tour Eiffel, l’amour, la bouffe, les cafés, les croissants, le fromage, les bérets. Bref les images d’Epinal.

Sur Yahoo.fr ressortent également des images d’Epinal, mais aussi des images historiques et politiques : liberté, égalité, fraternité, les droits de l’homme, « pays pourri », « racisme », etc.

Ce petit sondage vient confirmer plusieurs considérations que l’on peut faire intuitivement sur l’image de la France :

– D’abord, l’image d’un pays à l’étranger repose peut-être sur les facteurs culturels et les modes de vie avant de reposer sur l’actualité politique. Et ce socle culturel ne bouge pas facilement. Nous serions donc assez prudents avec l’idée de dire que l’image de la France a changé. Une image, surtout, pour une institution aussi énorme, ça ne bouge pas facilement. Même quand ça bouge de partout.

– Ensuite, il faut bien avoir en tête que la question de l’image de la France intéresse… les Français. C’est une question qu’on se pose en France et qui ne se pose pas de la même façon à l’étranger. Au niveau individuel, notre prisme est nous inquiéter de notre image et de croire que les autres pensent à nous autant que nous pensons à nous mêmes. Ce qui est bien entendu faux puisque les autres ont autre chose à faire que de penser à et de parler de nous.

Au niveau collectif le phénomène est identique, on peut appeler ça de l’ethnocentrisme : les Français (ou des Français) s’interrogent sur leur image à l’étranger, alors qu’à l’étranger, on s’intéresse beaucoup moins à la France que ce que les Français croient… Le petit sondage Yahoo ! Questions nous semble aller dans le sens de cette idée.

– Enfin, ayons en tête que les médias ne sont qu’un facteur parmi d’autres dans la formation de nos images et de nos opinions. Et en particulier pour ce qui concerne un pays, les images se font à travers une expérience personnelle (« j’y ai été, j’ai trouvé que la France était un pays où les gens sont sales et malpolis »), au travers des relations interpersonnelles (« j’ai un copain qui connaît, il a vraiment trouvé que Sarkozy avait mis de l’ordre… »), des images collectives (« les Français sont toujours en retard… »), etc.

A l’arrivée et pour reprendre la question posée (« concept médiatique ou réalité »), si certains pensent que la France a changé d’image, on aura effectivement envie de leur demander s’ils ne sont pas biaisés par les représentations médiatiques.

Question 4. Quels sont à vos yeux les Français les plus influents ?

Nous avons très envie de répondre à cette question, mais sans vraiment livrer de noms ;-). Et ce pour deux raisons.

D’abord, parce que l’influence, quand elle existe, est toujours une influence thématique. On a certainement des « Français les plus influents » dans la cuisine, dans les médias, dans la politique, dans la mode… Mais il est difficile de parler d’influence en général. Les Français les plus influents, oui, mais influents sur quoi ? Sur notre image à l’étranger ? Sur les opinions en France ? Et sur quelles opinions ?

Savez-vous par exemple qui est la seule personnalité française à faire partie du top 50 des personnalités les plus influentes dans le monde selon le magazine Time ?

Non, il ne s’agit pas de Nicolas Sarkozy, de Laurence Parisot, de Bernard Arnault, de Pascal Lamy, de DSK, de Yannick Noah, de Nonce Paolini ou des auteurs des Guignols de l’info… mais de Carine Roitfeld, la rédactrice en chef de Vogue. Une personnalité influente mondialement… dans le domaine de la mode.

De plus, dire : « les Français les plus influents sont… » revient à cautionner l’idée que l’influence est le fait d’une petite élite qui une a une forte emprise sur le reste de la population. Une poignée fait l’opinion, le reste suit.

Les choses sont en réalité beaucoup plus complexes, et l’image de l’influence est certainement plus proche de celle d’une longue traîne que de celle d’une pyramide ou d’une cascade.

Alors même dans la longue traîne, il y a un haut avec peu de monde et un bas avec beaucoup de monde. Mais dans la longue traîne, la valeur est dans la partie basse. Dire « les plus influents sont », cela reviendrait à négliger que l’influence est une somme de micro-phénomènes complexes et non maîtrisables. Nous sommes tous influents, à différents niveaux, sur différents sujets.

Cette idée rejoint celle de Thierry Crouzet dans le chapitre de son livre Le Cinquième Pouvoir consacré à la Batille de Borodino (1). En s’appuyant sur le récit de Tolstoï, Thierry nous interroge : si l’influence n’était pas le fait des généraux trop en retrait du champ de bataille pour donner des ordres qui modifient le cours de choses, mais au contraire le résultat des décisions des soldats sur le terrain ?

Dans cet ordre d’idée, un des Français les plus influents de ces derniers mois a peut-être bien été un homme de terrain, influent sans le vouloir : Jérôme Kerviel.

Les questions 2, 3 et 5 dépassent la vocation et la compétence d’Internet et Opinion(s) et sont en débat chez CNN.

(1) Cf. cet extrait d’un chat de Thierry Crouzet avec l’Internaute :

« Thierry Crouzet utilise l’exemple de la bataille de Borodino, qui a eu lieu en 1812, entre les Français conduits par Napoléon et les Russes dirigés par le Général Koutouzov, pour illustrer l’idée selon laquelle un effet n’est pas le résultat d’une cause unique mais celui de plusieurs mécanismes imprévisibles. Tolstoï décrivait déjà cette bataille dans « Guerre et paix » et expliquait qu’elle n’avait pas été provoquée par la volonté des deux personnages historiques, mais par une multitude de facteurs. »

Un entretien avec Alain Joannès

Voici 20 minutes d’un entretien que nous avons eu le plaisir de conduire avec Alain Joannès, journaliste aux multiples casquettes depuis 1961, auteur du Journalisme à l’ère électronique, blogueur et technophile… Il y est question des médias et du web : différences culturelles françaises, rich media, technophobie des journalistes (désormais également désignée « syndrome Alain Duhamel« ), impact du web dans les pratiques, avenir des médias…

Un grand merci à notre invité pour ce moment passionnant et à Mike pour le montage.

Vidéo de la semaine : Greenpeace parodie Dove

Quand on dit que l’entreprise est sous surveillance constante… Vous vous souvenez de cette campagne de Dove intitulée Onslaught (Matraquage) : « parlez à votre fille avant que l’industrie de la beauté ne le fasse » :

Voici la parodie signée Greenpeace, sur le thème de la déforestation : « Parlez à Dove avant qu’il ne soit trop tard ».

Cette parodie (7ème vidéo la plus postée sur des blogs depuis une semaine) n’est pas la première conséquence non recherchée pour Unilever.

Elle intervient après un débat, certes assez light, sur la schizophrénie d’Unilever, portant simultanément le  « parlez à votre fille … » de Dove et le « Plus t’en mets plus t’en as » d’Axe, discours jugés contradictoires.

Ce premier débat était en quelque sorte la réponse du berger à la bergère : la critique porte sur le sujet porté publiquement par Dove.

On voit maintenant qu’en optant pour une posture agressive sur le sujet de la publicité, Dove se voit interpellé sur ses autres domaines de responsabilité (en l’occurrence l’environnement)…

Cette fois, c’est plutôt un effet arroseur arrosé : la critique porte sur un autre sujet que celui porté publiquement par Dove.

Difficile sur Internet d’occuper le terrain de la communication responsable ou du débat sans accepter de recevoir la réponse du berger à la bergère et / ou d’être l’arroseur arrosé. Ce n’est pas forcément contre-productif pour la marque. C’est une question de retour sur investissement et d’acceptation de la critique. Cela s’anticipe et amène les entreprises à s’interroger à la fois sur les réponses attendues du berger (quelles sont les faiblesses de mon argumentation ?) et sur les pressions possibles des arroseurs (que peut-on me reprocher qui n’a rien à voir avec le sujet sur lequel je me place ?)

Comment évaluer le bénéfice et les risques de cette stratégie pour Dove et Unilever ? A vue de nez, la campagne originale a été vue 1,6 millions de fois sur YouTube et la parodie, pour l’instant, 220 000 fois. Soit un rapport de 8 à 1. Mais quelle est la trace laissée en termes d’image et de réputation ? Il est d’autant plus difficile de répondre que ces vidéos — l’originale de Dove et la parodie de Greenpeace — ne sont, dans un cas comme dans l’autre, que la partie la plus visible d’un dispositif plus construit :

– le fonds de l’estime de soi pour Dove

– la campagne valorisée à la une du site Internet de Greenpeace et suivi d’un appel à signer une lettre ouverte à Patrick Cescau, PDG d’Unilever.

Enfin, on se souviendra que ce n’est pas la première fois que Greenpeace détourne les codes d’une marque.  Le précédent, était moins agressif mais s’est avéré d’une efficacité redoutable puisqu’à sa suite Steve Jobs avait annoncé un « Apple plus vert » : il s’agissait de la campagne GreenMyApple.

Comprendre les publics sur le web : le géographe et l’ethnologue

Henri Julien-Félix Rousseau “Forêt vierge avec des tigres et des chasseurs” (1907)De nombreuses questions se posent pour l’organisation qui souhaite aller à la rencontre de ses publics sur le web, et pas des moindres. Comme dans la communication « traditionnelle » en théorie (mais davantage que la communication traditionnelle en pratique), le web, parce qu’il est une jungle, exige avant toute chose de l’émetteur d’information un travail de compréhension de son environnement : qui sont mes publics ? Quels sont leurs codes ? Quel est l’état de leurs représentations ? Qu’attendent-ils de moi ? Qui influence qui ?

Vermeer, “Le géographe”, 1669Internet revalorise ainsi le rôle du «comprendre» vs. le rôle du «agir» et place les sociétés d’intelligence au cœur du conseil en communication. Aucune mise en place de stratégie de relations publiques en ligne n’échappe à ce travail que l’on qualifie souvent de « cartographie » et qui vise à permettre à une organisation de comprendre son environnement web « naturel » (quelles communautés ? sur quels sujets ?). C’est l’étape 1 indispensable de toute mise en place de stratégie RP, celle qu’on ne peut pas sauter même quand on a envie d’avancer très vite.

C’est à ce niveau que l’on se retrouve face à plusieurs enjeux. La complexité du web, sa surface infinie ou presque, sa décentralisation profonde, créent une tentation : celle de vouloir « automatiser » la compréhension des publics. Appuyer sur un bouton pour avoir la réponse à la question « qui sont mes publics ?». La logique économique accroît ce réflexe : « Il doit bien y avoir un moteur qui va me sortir tout ça ».

Et effectivement, on a besoin de moteurs. Cette approche débouche sur celle que l’on peut qualifier comme étant celle du « géographe ». C’est ce que fait avec beaucoup de brio une société comme RTGI (avec le G de géographie, ce n’est pas un hasard) dont vous connaissez peut-être l’impressionnant travail sur le référendum ou l’observatoire de la présidentielle. Le géographe cartographie les publics. Dans la jungle du web, il est celui qui vous fournit la carte et les chemins. La carte peut être automatisée ou tracée à la main en fonction des besoins (c’est ce qu’on fait chez i&e, pour parler de nous).

Malinowski, photo de son journal d’ethnographeMais tout l’enjeu d’un travail de compréhension de son environnement web est de savoir compléter l’approche du géographe par celle de l’ethnologue. Dans la jungle, la carte seule ne suffit pas. Il faut un guide : l’ethnologue, celui qui a étudié les populations, leurs mœurs, qui va vous guider sur le terrain, parler le langage des autochtones. Ce travail d’ethnologie ne peut être conduit que de l’intérieur.

Quelqu’un comme Laurent Javault, issu de la blogosphère, avec de multiples connexions et une intelligence des typologies de publics, des influenceurs etc., a à mon sens un profil « d’ethnologue des blogs ». Et quand on dit à ses clients que pour comprendre le web, il faut mettre les mains dans le cambouis (lire des blogs, lire les commentaires, utiliser un agrégateur, lire l’historique des pages Wikipédia, etc.), on ne dit pas autre chose. C’est une évidence, mais il faut souvent la rappeler : on ne peut comprendre les publics qu’après les avoir étudiés.

C’est par la complémentarité de leur expertise que le géographe et l’ethnologue permettent d’avancer dans la jungle. Ce qui ne doit pas laisser croire que leurs métiers relèvent de l’hyper-expertise. Le temps et la démocratisation du web aidant, l’ethnologie en particulier devient le travail de tous. Le consultant RP ou l’attaché de presse, qui étaient d’une certaine façon des ethnologues des médias traditionnels, ont de plus en plus vocation a devenir des ethnologues du web. Plus besoin d’être un pure player ou un geek pour comprendre telle ou telle communauté de la blogosphère : il suffit de vouloir s’y mettre et de participer. Il y a à mon sens dans cette « désexpertisation » du conseil en com online un enjeu majeur pour les agences. De plus en plus, le web est l’affaire de tous et plus seulement de quelques référents qui auraient tout compris. Tout cela avec l’aide du géographe et de l’ethnologue.