Pierre Chappaz, photographié en penseur, faisait donc la une du numéro de Challenges daté du 5 au 11 juin. Le magazine, aidé d’un jury de personnalités, nous proposait un palmarès des meilleurs blogs et de « toutes les adresses Internet qui comptent ».
On ne discutera pas ici de la pertinence des choix du jury et des internautes (le gros du débat est déjà passé et vous le retrouverez chez Versac mais aussi chez Gilles Fontaine; quelques liens encore chez Jean-Baptiste Ingold).
Mais il semble qu’un élément soit resté inaperçu pour la plupart de nos blogueurs ronchons. Ils n’ont peut-être pas, tout simplement, acheté la version papier – ce qui reste quand même le plus important pour Challenges (enfin j’espère). Alors justement, concentrons-nous sur le cadre du papier, la démarche de départ. Quatre Cinq catégories étaient sélectionnées :
- Politique
- Médias
- Technologies
- Bourse et Finance
- Economie et Entreprises
Marrant non ? Pour chacune des catégories il existe un blog… Challenges (vous me direz… c’est normal jusqu’à preuve du contraire Challenges n’est pas Elle et ne parle pas de littérature ou de cuisine). Les blogs du magazine sont justement très bien mis en valeur par l’organisation des pages. Le lecteur pressé ou flâneur ne peut pas manquer ces encarts de présentation où la notice ne tarit jamais d’éloge, photo et typo en italique à l’appuie. Petite perle :
Alliant un style très personnel à la rigueur d’un enquêteur reconnu de la presse économique, les « posts » de Gilles Fontaine sont un concentré d’informations et d’analyses pour être au fait de l’actualité du high-tech.
Le dossier se conclut enfin avec une double page titrée « Challenges.fr fait peau neuve » (G. Klein en avait parlé sur Le Phare il y a un mois).
Trois remarques donc :
- Côté pile : on peut critiquer le flou entretenu par nombre de blogueurs entre information/opinion/communication etc. mais notons quand même que l’effacement de ses repères est au coeur du système journalistique contemporain. La preuve une nouvelle fois. Le mélange des genres n’est pas réservé aux internautes et touche les rédactions les plus professionnelles.
- Côté face : il est toujours intéressant de voir un média traditionnel proposer à ses lecteurs les plus novices les clés pour entrer dans la blogosphère, belle alternative à la labellisation proposée par certains. Cela montre encore une fois comment les journalistes traditionnels cherchent à s’instituer en médiateurs de ce nouveau monde qui, quoi qu’on en pense, reste encore très hermétique (et anecdotique) pour la très grande majorité des Français.
- Le mix des deux nous offre un bon exemple des processus de consécration au sein de l’espace médiatique. Rien de mieux qu’un bon palmarès pour instituer les vainqueurs en meilleurs et l’organisateur en prescripteur (et oui, cela donne un truc quasi tautologique… c’est justement là où réside la force de la chose) !
Quoi qu’il en soit, que les lauréats en profitent… c’est le seul mal qu’on leur souhaite !! (en particulier à Ecopublix)